La FSU, sur son stand de la Fête de l’Humanité, a été à l’initiative de nombreux débats tout au long du week-end du 13 au 15 septembre. Nous vous proposons dans cet article un focus sur le débat animé par Eric Demougin (FSU 72) qui a réuni Guislaine David et Sophie Vénétitay (FSU), Christophe Prudhomme (urgentiste CGT) et Roland Gori (Psychanalyste et fondateur de l’Appel des Appels).

 

Sophie Vénétitay et Guislaine David ( secrétaires générales du SNES et du SNUIPP) représentaient les métiers de l’éducation. Christophe Prudhomme, médecin urgentiste et responsable CGT, a décrit la situation de l’hôpital public et plus largement celle du système de santé. Roland Gori, psychanalyste et universitaire, initiateur de l’Appel des appels, a fait le pont entre les deux services publics et élargi la réflexion à d’autres domaines.

 

 

La similitude des constats était frappante. Le manque de moyens pour l’éducation comme pour la santé est connu. Dans les deux services publics les recrutements sont de plus en plus difficiles et s’expliquent par la faiblesse des salaires (par exemple inférieurs de 20 % à ceux des autres pays européens dans le premier degré) et les conditions de travail de plus en plus pénibles notamment du fait de la pénurie de personnels.  C’est aussi une conséquence de la caporalisation des personnels induite dans les hôpitaux par la tarification à l’activité, dans les établissements scolaires par les évaluations imposées et les réformes incessantes, le tout sous la férule du nouveau management public qui dépossède les personnels de leur identité professionnelle, brise les collectifs de travail et impose « bonnes pratiques » et travail prescrit :  de la dictée quotidienne, chère à chaque ministre qui passe,  au « choc des savoirs »  en passant par la réforme du lycée Blanquer avec le contrôle continu qui fait des ravages. Les exemples qui mettent en évidence que les personnels sont transformés en exécutants sont multiples. Roland Gori cite Ken Loach à propos du cinéma : « multiplication des managers qui interviennent dans tous les domaines du scénario au casting »,  fait le parallèle avec l’hôpital, où c’est le directeur gestionnaire qui décide des soins ou avec l’éducation quand des technocrates prévalent sur ceux qui participent à la formation. Il parle de  « prolétarisation des professions »,  du management par les chiffres,  la qualité passant après la quantité (dictature de l’audimat dans le journalisme par exemple).

Les intervenants se sont retrouvés sur les solutions pour lesquelles il faut mobiliser les personnels. On ne peut ignorer la question des moyens. Dans l’éducation comme dans la santé, le financement public est essentiel et il faut continuer à dénoncer le scandale de l’enrichissement sur fonds publics des établissements privés. Pour la santé, il faut revenir sur les exonérations de cotisations qui correspondent au déficit de la sécurité sociale. Dans l’éducation, la baisse démographique commencée dans le premier degré et qui s’amorce dans le second doit servir à rétablir à minima le taux d’encadrement du début des années 90 (dans le second degré, malgré la hausse démographique des années 90, le nombre de postes d’enseignants a diminué).

Il s’agit aussi de redonner du sens aux métiers. La prolétarisation n’étant pas seulement financière, mais organisée par une taylorisation des tâches de plus en plus importante. Ne pas se laisser déposséder de notre expertise même si c’est plus facile à dire qu’à faire ! Stages, colloques… continuer à faire du syndicat un espace d’échange avec nos collègues. Chacun a aussi développé la volonté d’aller au-delà de la défense purement syndicale pour faire partager ces combats à venir avec la population.