Le mardi 7 décembre

à 10h

devant le bureau de poste de Corbeil au 6, rue Feray.

La FSU 91 appelle à rejoindre la manifestation organisée en soutien aux salariés sans-papiers de DPD

Depuis le 15 novembre 2021, 70 salariés sans titre de séjour travaillant pour DPD au Coudray-Montceaux ou pour d’autres établissements de filiales de la Poste se sont mis en grève.

Après presque 3 semaines de grève, un petit rappel s’impose…

Les travailleurs sans-papiers ont commencé par occuper le site avant d’être coupés en deux groupes. En effet, suite à la première nuit d’occupation, la direction a refusé l’accès au site à ceux qui en étaient sortis momentanément créant ainsi deux piquets de grève. Les 30 grévistes à l’intérieur du site (mais à l’extérieur des bâtiments) se sont vu refuser toute nourriture et même l’approvisionnement en eau. La direction a fini par céder sur ce point devant les protestations suscitées par ces pratiques inhumaines mais non sans avoir coupé l’alimentation électrique d’un local à vélo qui permettait aux sans-papiers de charger leurs smartphones et donc de garder le contact avec le monde extérieur.

Le piquet extérieur a pris corps à l’entrée du site où il a fallu très rapidement mettre à l’abri des intempéries, nourrir et chauffer jusqu’à cinquante personnes. On imagine la logistique à mettre en œuvre ne serait-ce que pour fournir le minimum, c’est-à-dire de l’eau. Tout ceci n’a été possible, et ne le reste encore, que grâce à la détermination des sans-papiers et à l’engagement sans faille des camarades de Solidaires rejoints par des militant-es syndicales et syndicaux dont des membres de la FSU 91, des associatifs, des politiques et par ces anonymes qui ont contribué, chacun à leur mesure, à tenter d’atténuer la cruauté de l’employeur et les rigueurs d’une météo où, s’il ne fait pas bon mettre un chien dehors, on peut quand même jeter des dizaines de personnes à la rue.

Depuis le 26 novembre, et suite au référé prononcé par le tribunal d’Évry saisi par la direction de DPD, les grévistes du site ont rejoint leurs camarades. En effet, après n’avoir cessé de faire pression sur les grévistes en leur faisant remettre des requêtes par voie d’huissier, la direction a saisi la justice. Le juge a qualifié l’occupation d’illégale en dénonçant cette forme de lutte comme telle ce qui est un nouveau précédent visant à criminaliser l’action syndicale et les a obligé à quitter les lieux sous peine d’une forte amende par jour et par occupant à la charge de SUD PTT.

La Poste joue au Père Noël auprès des enfants en même temps qu’elle agit en Père Fouettard auprès de ses salariés sans-papiers

Le PDG de La Poste se félicite régulièrement des profits réalisés dans le secteur du colis, liés à la croissance du e-commerce. Mais, entre les clicks et les livraisons, il y a une réalité humaine et sociale dont le service communication de La Poste ne parle jamais : l’exploitation des travailleuses et des travailleurs du colis. Celle des salarié·e·s de La Poste, fonctionnaires et CDI, dont les conditions de travail ne cessent de se dégrader depuis des années. Mais aussi celle, encore plus féroce, des CDD, intérimaires, sous-traitants. Tout en bas, les plus exploités sont ceux dont la situation est la plus précaire : les travailleurs sans-papiers.

Quand les dirigeants de DPD nient leur existence, ils mentent, en toute connaissance de cause. Les sans papiers qui travaillent en son sein le font dans le cadre du système de sous-traitance en cascade, existant d’ailleurs dans d’autres secteurs. On n’en veut pour preuve que la condamnation du groupe Bouygues en 2015 reconnu coupable de délit de travail dissimulé, prêt illicite de main d’œuvre et emploi de salariés étrangers sans titres sur le site EPR de Flamanville pour la période de 2008 à 2014. Ce système permet de diluer les responsabilités des donneurs d’ordre, et d’utiliser ainsi tous les moyens pour diminuer les coûts de main-d’œuvre. Le fait qu’une entreprise de la taille de La Poste, deuxième employeur de France, encore partiellement détenue par l’Etat qui plus est, se livre à de telles pratiques n’en est que plus scandaleux. Heureusement le presse s’est faite ces derniers jours l’écho de cette situation, en particulier les journaux télévisés de France 3, les 1er et 2 décembre ainsi que France 2, le 3 décembre.

Ces travailleurs en grève dénoncent la maltraitance à leur égard, organisée par la Poste à travers la cascade de sous-traitance, DPD, Derichebourg Interim et Mission Interim qui se traduit par :

    • les erreurs systématiques sur leurs feuilles de paye,
    • les heures et les semaines non payées,
    • les conditions de travail inhumaines (15 minutes pour le déchargement d’un camion),
    • l’absence de délai de prévenance lors des modifications d’horaires,
    •  la désinvolture totale à leur égard concernant les horaires, qui consiste à les mettre en pause plusieurs heures ou à les libérer à minuit et demi en pleine campagne, sans transports en commun. Ils exigent le respect et veulent pouvoir se défendre dans le cadre de la réglementation du travail.

Ils demandent la délivrance des documents que doit fournir leur employeur pour permettre leur régularisation.

Avec eux, nous demandons aux préfectures la régularisation sur simple preuve de travail dans la continuité des actions engagées ces dernières semaines à l’image du rassemblement organisé devant la préfecture d’Evry le 10 novembre (Vers l’article) pour dénoncer la dématérialisation qui empêche les étranger-es d’accéder à la régularisation et donc de travailler, d’étudier et de poursuivre normalement leur vie.

Modestement mais fermement, après le soutien aux travailleuses et aux travailleurs de Bergams (Vers l’article) victimes, eux aussi, d’une économie de marché qui nie les besoins essentiels et la dignité humaine, la FSU 91 manifeste ainsi son attachement à un syndicalisme de transformation sociale, aux côtés des plus opprimé-es et des plus exploité-es.

Elle appelle ses syndiqué-es à manifester une nouvelle fois leur solidarité en apportant leur contribution via la caisse de grève et le passage sur le piquet.