Déclaration préalable – FSU 91
Monsieur le Directeur Académique,
Mesdames Messieurs les membres du CTSD,
Alors que l’inflation a posé à nouveau de façon urgente la question des salaires, le 17 mars dernier , au moment même où s’entendait dans la rue le mouvement national interprofessionnel, le président candidat Macron déroulait en conférence de presse son programme qui se présente comme une véritable offensive contre les travailleurs et travailleuses de l’éducation. Dans un discours empreint de mépris envers le corps enseignant et les personnels de l’éducation, dans la continuité du quinquennat de M. Blanquer, il annonce un programme qui revient à casser le statut, au profit de la mise en place de salaires au mérite et d’un accroissement des pouvoirs des chefs d’établissements. Alors que la charge de travail des enseignants ne cesse d’augmenter, nous revendiquons l’embauche de professeurs et personnels à la hauteur des besoins du terrain, la titularisation des collègues précaires, et des augmentations de salaire pour toutes et tous, notamment par le dégel du point d’indice.
Parmi les « nouvelles missions » des enseignantes et enseignants, figurent les remplacements de collègues absents ou l’aide aux devoirs. Un moyen pour le président candidat Macron de revendiquer l’absence d’embauches, pourtant nécessaires, et l’augmentation du nombre d’heures de travail. En participant au dénigrement systématique d’une profession qui a été au rendez vous de la crise sanitaire, le candidat Macron joue un jeu dangereux. Le débat électoral et démocratique exige des réponses à la hauteur des enjeux plutôt que de se complaire dans des propos insultants qui s’inscrivent dans de basses stratégies de racolage électoral. La FSU rappelle que pendant le confinement, quand le ministre de l’Éducation nationale se perdait en annonces contradictoires, semant le trouble dans la communauté éducative les professeurs ont continué d’inventer des solutions pour faire cours à distance, pour contacter les familles par tous les moyens possibles…en un mot de faire vivre le service public d’éducation. Seuls. Avec leurs moyens. Parce que la communauté éducative, confinement ou pas, n’a qu’un seul objectif : la réussite de tous les élèves. La FSU rappelle aussi au président-candidat Macron que pendant que son ministre de l’Éducation nationale était à Ibiza, les professeurs, CPE, psyEN, AED et AESH préparaient, seuls, la rentrée sous Omicron.
Les mots du candidat Macron ont une résonance encore plus scandaleuse en ce jour de CTSD sur les postes offerts au mouvement dans le département de l’Essonne. Quand il juge difficile de mieux payer « ceux qui ne sont pas prêts à s’engager et à faire plus d’efforts », de qui parle t il au juste ? De celles et ceux qui se voient contraintes et contraints d’assurer des heures supplémentaires qu’on leur impose pour ne pas avoir à créer davantage de postes ? De nos collègues CPE qui ne voient pas de renforts suffisants arriver, alors que les effectifs des collèges et lycées sont croissants depuis de nombreuses années ? De nos professeurs documentalistes dont le nombre de postes semble gelé à jamais, alors qu’ils ont chaque année toujours plus d’élèves dans leur CDI, mais pas davantage de possibilités d’ ouverture ? De nos collègues enseignant dans des disciplines désertées qui absorbent sans relâche des heures supplémentaires pour réduire au minimum les services qu’ils savent par avance non pourvus ? Qui donc ne fait pas d’efforts ?
Alors que nous nous réjouissions de la création de 300 postes de CPE nationalement (dont 18 sur l’académie de Versailles), cette satisfaction a été de courte durée. Lors du comité technique académique du 15 février, sur les 18 postes, 5 postes ont été créés provisoirement et ne seront donc pas pérennes. Les 13 restants sont répartis par département 1 poste a été créé sur le 78, 1 sur le 92, 5 sur le 91 et 6 sur le 95. À notre demande explicite de moyens supplémentaires en éducation, on répond que la plupart des collèges et lycées sont au dessus du barème académique, qui arbitre les dotations en postes CPE. Une belle invention que ce barème qui permet de justifier sans vergogne un refus de financer un établissement à la hauteur de ses besoins ! S’il existe une distorsion si grande entre ce fameux barème et le ressenti réel des acteurs sur le terrain, c’est bien alors ce barème qu’il faut réinterroger. Nous rappelons ici que l’employeur est responsable de la santé et de la sécurité de ses personnels : de simples chiffres ne doivent pas balayer l’expression d’un épuisement professionnel et des risques psycho sociaux avérés. Le barème n’est ici qu’un outil politique destiné à motiver des choix comptables qui font peu cas de l’humain.
Alors que nous saluions, en janvier dernier, la baisse des HSA et l’augmentation des heures postes, nous constatons une fois encore que beaucoup de postes susceptibles d’être créés restent de simples BMP, qui fragilisent les équipes dans les établissements et les enseignantes et enseignants qui ne trouvent aucune stabilité et sont de plus en plus soumis à l’autorité des chefs d’établissements. La FSU, cette année plus que jamais, demande la transformation de l’ensemble des BMP en postes pérennes dès que cela est possible et surtout quand les équipes, notamment en lycée et en REP+, croulent sous les HSA. Les pondérations doivent être considérées comme des allègements de service et non comme une charge de travail supplémentaire, ô combien lourde depuis la réforme du baccalauréat. Ce n’est qu’à la condition d’une politique éducative bienveillante et respectueuse du travail réalisé que nous pourrons résorber l’épuisement que la profession exprime depuis bien longtemps.
Quels efforts fait on pour valoriser nos métiers et les disciplines qui trouvent davantage de considération ailleurs sur le marché du travail ? Quels efforts fait on pour démocratiser l’école et donner accès à l’allemand, aux langues rares, aux langues anciennes et aux enseignements artistiques au plus grand nombre ? Notre département n’échappe pas à ces dérives nationales et présente un bilan inquiétant sur les mathématiques, la technologie, les arts plastiques, les lettres classiques. La FSU exige une revalorisation de ces disciplines qui passent non seulement par une revalorisation salariale mais aussi par une autre philosophie de l’éducation et donc une remise en cause profonde des dernières réformes du collège et du lycée.
Quels efforts fait-on pour endiguer les dégâts pédagogiques et éducatifs causés par la crise sanitaire sans créer davantage de postes. Quels efforts fait-on pour résorber les profondes inégalités scolaires qui n’ont cessé de se creuser tout au long de cette crise. Quels efforts fait on pour promouvoir l’école inclusive et la financer à la hauteur des besoins immenses observés chaque jour sur le terrain ? Les ouvertures de dispositifs ULIS restent bien insuffisantes au regard des difficultés rencontrées par les collègues et les élèves dans les classes. La FSU rappelle son souhait d’être consultée sur les prochaines ouvertures, pour pouvoir, faute de moyens supplémentaires, au moins garantir un meilleur maillage territorial.
Notre école est elle vraiment inclusive ? Les attaques militaires lancées jeudi 24 février par le président russe contre l’Ukraine constituent une grave agression, une grave violation du droit international et une remise en question profonde des équilibres internationaux. La FSU condamne cette attaque avec fermeté, appelle à la paix et affirme sa solidarité avec les Ukrainiennes et Ukrainiens et avec les Russes qui se mobilisent pour dénoncer l’offensive armée. La France doit prendre sa part dans l’accueil de tous les réfugiés. Cela implique de rompre avec les politiques indignes qui ont été menées en particulier ces cinq dernières années. La France doit renouer avec sa tradition humaniste d’accueil des réfugiés sans opérer de tri selon la nationalité des migrants. La FSU exige qu’un effort particulier soit fait pour l’accueil et la scolarisation des jeunes réfugié es. Cela passe notamment par le renforcement des UPE2A. Aujourd’hui, ces structures sont sous tension, faute de moyens, et ce sont les élèves qui en ont le plus besoin qui en subissent les conséquences. L’Éducation Nationale s’honorerait d’être à la hauteur des enjeux d’accueil et de scolarisation de tout de toutes et tous les élèves plutôt que de s’abaisser à une gestion purement comptable de ses moyens, synonyme de renoncement indigne du service public aux valeurs humanistes qu’il doit porter.
LLe contexte actuel, national et international, dit toute sa violence. Et le candidat Macron violente à son tour la profession. Le constat est pourtant sans appel. Que de gâchis ! Quand les vertus d’un réel dialogue social seront elles comprises ? Quand ces pratiques nocives et dangereuses seront elles abandonnées ? Faut il allonger la liste de tous les errements de ce gouvernement en matière d’éducation pour savoir qui fait des efforts et qui n’en fait pas ?