Déclaration préalable – FSU 91
Ce CHSCT se tient une semaine après une mobilisation, inédite par son ampleur, des personnels de l’Éducation Nationale. Par leur action de grève et de manifestation, enseignants et enseignantes, AED, CPE, AESH, infirmières et infirmiers scolaires, mais aussi personnels administratifs et agents territoriaux, ont toutes et tous exprimé leur colère, non pas face à un virus, mais bien face à une gestion chaotique de la crise, face à une désorganisation complète de leurs conditions de travail, face au manque de considération, face au mépris de leur ministre qui a jugé opportun de communiquer le protocole de rentrée, à appliquer dès le lundi, le dimanche soir, par le biais d’un article dans un média privé et payant, depuis Ibiza. Et on nous parle d’école de la confiance ? La grève du 13 janvier a montré l’exaspération légitime de tous les personnels. Cette mobilisation historique a obligé le gouvernement à ouvrir enfin la porte à des discussions. Si les premières annonces restent mesurées et surtout à concrétiser, elles sont largement insuffisantes et dérisoires au regard de l’indignation exprimée, mais aussi au regard des attentes et des besoins du terrain. La pagaille du protocole, qu’on impose aux personnels comme aux parents, continue, et le quotidien s’avère toujours aussi compliqué. Le ministre propose quelques rustines qui ne suffiront pas à réparer ce qu’il détruit depuis cinq ans.
Dans le premier degré, l’annonce d’une aide pour soulager les directeurs et directrices d’école, qui croulent littéralement sous les tâches, est très largement insuffisante, puisque le recrutement de 1700 emplois vacataires ne présenterait qu’une aide par circonscription qui ne couvrirait pas les besoins. L’annonce
d’embauche de quelques milliers de contractuels n’est pas une nouvelle mesure : le département avait déjà cette possibilité mais, au vu des conditions de travail et du salaire proposés, les postes ne sont pas pourvus. Depuis cette rentrée, la situation des personnels dans les écoles de l’Essonne s’est encore dégradée et est
devenue véritablement insupportable : gestion des cas covid et des attestations, conflits avec des parents excédés de toute cette désorganisation, dysfonctionnement des services de cantine qui dépassent bien souvent la pause méridienne, épuisement des directrices et directeurs au bord de la rupture, qui alertent leur hiérarchie et dénoncent le manque de soutien et de bienveillance de leur supérieur, non-remplacement des personnels absents. Sur ce dernier point, le constat est sans appel : l’explosion du nombre de classes sans remplaçant (plus de 40 dans des circonscriptions) a des conséquences importantes sur les personnels. Les témoignages sont nombreux et édifiants. Des remplaçants pourtant affectés sur des classes pour une période sont déplacés sur d’autres écoles sans aucune considération ni reconnaissance de leur engagement et leur investissement sur ces postes. On entend ici ou là des consignes de répartir les élèves des CP ou CE1 dédoublés dans les autres classes, consignes qui sont contraires aux règles de brassage, alors que le ministre n’a de cesse de rappeler l’importance de ce dispositif dans son bilan. Ailleurs, on accueille les élèves ULIS dans leur classe à temps complet, en les privant du soutien du dispositif, ce qui génère de l’angoisse et des crises. Partout, nos collègues essaient de tenir coûte que coûte, pour ne pas laisser leurs élèves sans professeur. Jusqu’à quand ?
Le protocole a été modifié pour la troisième fois depuis la rentrée de janvier 2022. Il s’agit de la 56ᵉ version de la foire aux questions. Pas facile de s’y retrouver ! Et pourtant, en dépit des nombreuses règles énoncées, tout n’est pas toujours respecté. Pour exemple, dans le second degré, l’explosion des contaminations aurait
dû faire passer l’ensemble des collèges et lycées au niveau 3. Or, l’objectif du ministère étant de maintenir l’organisation correspondant au niveau 2 – quoi qu’il en coûte – l’Essonne est donc resté au niveau 2, au prixde la santé des personnels. Dans ce chaos, les vies scolaires sont au bord de la rupture. Les retours sont unanimes : les AED du département sont sous pression et, dans cette crise, paient un lourd tribut, alors même que leurs conditions de travail et leur statut sont particulièrement difficiles et précaires. La semaine de la rentrée, certains établissements n’étaient pas joignables par téléphone, signe d’un chaos administratif complet. Et la proposition du Ministère pour alléger la charge des services est précisément d’alourdir encore la fatigue des personnels en proposant des heures supplémentaires aux AED ! Dans ce chaos, les protections promises n’arrivent pas ou pas toujours : comment expliquer une telle inégalité entre les personnels d’un
même territoire ? Dans ce chaos, les personnels découvrent que les autotests qu’on leur distribue sont périmés. Jusqu’à quand devrons-nous supporter un tel mépris ? Dans ce chaos, c’est un flou total qui règne en EPS : faut-il se référer au protocole de niveau 2 qui a valeur réglementaire ou à la FAQ qui chaque jour ajoute
de nouvelles propositions aux propos du ministre, des DASEN, des IA IPR ou des chefs d’établissements ? Dans ce chaos, les enseignants de lycée se trouvent dans une situation particulièrement sensible. Les classes se vident au gré des cas de Covid et des cas contacts, les absences perlées des élèves conduisent à une forme de
discontinuité pédagogique. Préparer sereinement les épreuves dans ce contexte est devenu illusoire. Les inégalités se creusent entre les élèves d’un même établissement et entre les lycées. Le report des épreuves de spécialités de mars à juin sur la base des programmes prévus pour les épreuves de mars doit être organisé au plus vite. Le ministre de l’Éducation Nationale s’est dit ouvert à des discussions sur le calendrier des épreuves de spécialité, il doit tenir ses engagements, prendre ses responsabilités et les décisions nécessaires. Le ministère porte l’entière responsabilité des risques qu’il fait prendre à ses personnels, à défaut d’être en
capacité d’assurer leur sécurité sur leur lieu de travail. Concernant les annonces au sujet de la fourniture des personnels en équipements de protection individuelle, il était temps ! Les personnels de l’Éducation nationale sont les derniers à être encore équipés de masques en tissu par leur employeur ! La FSU demande que des masques chirurgicaux soient distribués dans les plus brefs délais, en nombre suffisant, à tous les personnels, et que des masques FFP2 soient distribués à tous les personnels qui en font la demande, tout comme des masques inclusifs. Des autotests doivent également être fournis à tous les personnels. Et il est impératif que les réassorts soient assurés régulièrement tout au long de l’année. Concernant le dépistage, alors que la FSU insiste, depuis deux ans, sur la nécessité de mettre en place des campagnes massives de dépistage, le ministère a choisi d’alléger le protocole : il permet, en effet, aux élèves de revenir munis d’une attestation sur l’honneur, rédigée par les parents, après réalisation d’un autotest, lorsqu’ils ont été en contact avec un cas de covid détecté en classe. En faisant le choix de passer d’une stratégie collective de dépistage aux auto tests individuels reposant sur les familles, le ministère en finit avec la nécessaire prévention des risques dans les écoles et les établissements scolaires. Dès lors le virus circule librement, les contaminations se multiplient comme en attestent les données édifiantes du dernier point sanitaire ! Près d’une contamination sur cinq a eu lieu en milieu scolaire la semaine dernière, n’est-ce pas suffisant pour tirer la sonnette d’alarme ? À ce titre, la FSU rappelle que la mise à disposition du registre santé sécurité au travail partout et la remontée de tous les signalements sont plus que nécessaires et devraient participer à l‘élaboration du document unique d’évaluations des risques professionnels. La crise sanitaire révèle – s’il le fallait – qu’il est nécessaire et obligatoire de mettre cet outil réglementaire à disposition de tous les agents.
La FSU rappelle que l’employeur doit apporter des réponses à la hauteur de ses obligations légales et réglementaires (obligation de moyens et obligation de résultats) pour assurer leur santé et leur sécurité.