Déclaration préalable – FSU 91

Monsieur le Directeur académique,

Mesdames Messieurs les membres du CHSCTD,

Les mois d’hiver ont été épuisants pour tous les personnels. Le ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports a fait le choix depuis les premiers temps de la crise de s’en remettre à l’expertise des scientifiques et aux décisions du ministère de la santé. Le protocole a été allégé, en lien avec les modifications des règles en population générale, si bien que le lundi 14 mars, le masque est tombé. Pour la FSU, il était indispensable d’agir avec prudence pour éviter d’alimenter un nouveau rebond de l’épidémie. Car c’est bien l’employeur qui reste responsable de la santé au travail de ses agent-es et qui doit prendre toutes les mesures nécessaires pour les protéger. Le printemps a-t-il fait disparaître le virus ? Sur quelle base scientifique le protocole s’appuie-t-il pour considérer qu’à densité égale, il y a plus de risques dans les transports en commun que dans nos classes et nos couloirs ? Le printemps ne fait pas disparaître la confusion dans laquelle les personnels sont maintenus depuis le début de la crise sanitaire. Nous ne reviendrons pas ici sur les protocoles incompréhensibles et changeants, sur l’absence de purificateurs d’air, sur l’insuffisance des capteurs CO2, sur l’indifférence de nos autorités quant à la qualité de l’air et aux moyens d’aération dont nos disposons réellement. Il faut mesurer, informer, protéger, et donc investir dans des équipements performants qui garantiront réellement la sécurité des agent-es.

C’est sur l’école que la crise sanitaire pèse le plus en ce moment. Alors que l’épidémie flambe à nouveau, que le taux d’incidence chez les enfants est reparti à la hausse, les enseignants sont confrontés à des difficultés intenables. En effet, de plus en plus d’enseignant-es sont arrêté-es, malades ou bien cas contacts, et sont mis à l’isolement sans que l’Éducation Nationale ne soit en mesure d’assurer leur remplacement. Les conséquences sont désastreuses. Dans de nombreuses écoles, ce sont plusieurs classes laissées à l’abandon sans aucune perspective de remplacement, même pour les absences longues (congé maternité) ; dans certaines circonscriptions, on parle d’une trentaine de classes et il semble que ce nombre ne cesse d’augmenter ! Rien n’a changé. Les situations sont aussi intenables qu’avant les vacances d’hiver. Les cas positifs se multiplient et entraînent un dysfonctionnement des écoles, du travail empêché, de la fatigue et du stress, des conflits avec des parents mécontents et une charge de travail supplémentaire, intolérables pour les équipes, qui plus est en sous-effectif et au bord de l’épuisement. Quand les soutiendra-t-on ? Lorsque les personnels se décident à remplir des fiches SST pour alerter leur hiérarchie sur ces situations, on leur répond, dans le meilleur des cas, qu’il n’y a pas de moyens. Ils tiennent l’école à bout de bras et sont récompensés par le mépris de l’institution.

Le mépris est malheureusement généralisé et s’exprime dans tous les domaines. Car la crise sanitaire ne doit pas masquer la persistance des problèmes que connaît notre département, auxquels personne ne semble vouloir apporter de réelles solutions. La FSU vous interpelle aujourd’hui solennellement sur trois situations. Que faites-vous pour les personnels du collège Blaise Pascal de Massy qui s’épuisent à remplir les registres pour signaler les dangers auxquels ils sont exposés ? Comment garantir leur sécurité et préserver leurs conditions de travail, si les risques électriques et les risques d’intrusion n’ont jamais cessé ? Que faites-vous pour les personnels du collège Albert Camus de Ris-Orangis qui vous alertent sur la saturation de leurs locaux, qui crient au naufrage et qui dénoncent la profonde dégradation de leurs conditions de travail ? L’audience que vous leur avez accordée et qui se tiendra demain doit leur apporter des réponses concrètes et des solutions d’amélioration. Que faites-vous enfin pour les personnels du lycée Nikola Tesla de Dourdan, en grève mardi 12 avril pour exprimer leur immense souffrance au travail ? Les entendez-vous quand vous leur refusez une visite du CHSCT ? Les entend-on quand on leur répond que leur souffrance est liée au deuil de leur ancien proviseur qu’ils n’ont pas encore fait ? Les entend-on vraiment quand ils font état avec précision de la maltraitance qu’ils subissent au quotidien ? La FSU soutient pleinement ces trois établissements et tous les autres écoles, collèges et lycées qui connaissent le même mal-être par manque de considération et de solution. La prévention dans l’Essonne n’est-elle qu’une vitrine bien facile à briser ? Nous exigeons qu’elle irrigue l’ensemble des réflexions de nos décideurs à tout moment, quand il faut mettre en œuvre des travaux, quand il faut arrêter une dotation, quand il faut affecter un nouveau personnel de direction.

Concernant les points à l’ordre du jour – la présentation de la division de l’école inclusive et l’enquête sur les conditions de travail des personnels de vie scolaire – notre inquiétude n’est pas moins grande. Nous avons alerté sur la situation des AESH et dénoncé la mise en place des PIAL qui ne résout pas les difficultés de recrutement et d’emploi. L’accueil de certains élèves en situation de handicap est corrélé à leur présence, mais la précarité de leur statut et les conditions de travail déplorables qu’elles connaissent renforcent les difficultés qui explosent dans notre département. Le nombre alarmant de fiches SST de PE accueillant un enfant avec des troubles du comportement le soulignent. Ces personnels signalent des comportements violents, ingérables, et une souffrance au travail les conduisant à un épuisement professionnel et un fort ressenti de ne pas être soutenu par leur hiérarchie et l’institution. Il est inadmissible de faire reposer l’inclusion uniquement sur les épaules et la bonne conscience professionnelle des enseignant-es et des AESH ? Les réponses à ces fiches sont loin de répondre aux obligations de l’employeur en matière de santé et de sécurité. L’absence de réponse que nous avions souvent dénoncée – alors même que la direction académique s’y était engagée et nous avait assurés qu’elle y serait attentive – ou encore des réponses insatisfaisantes sont vécues comme une forme de mépris, engendrant un profond mal-être au travail et une logique démotivation.

L’attention que nous avons pu porter aux personnels de vie scolaire du département, à travers la visite de deux établissements (le lycée Einstein de Sainte-Geneviève-des-Bois et le collège Jean Lurçat de Ris-Orangis), a permis d’éclairer un peu plus ce mépris et cette indifférence dont nous faisons état depuis le début de cette déclaration. Ce mépris et cette indifférence, s’ils passent d’abord par la criante insuffisance des dotations qui sont allouées aux collèges et aux lycées, s’expriment aussi dans la mise en œuvre d’un travail particulièrement pénible et pour lequel aucune préconisation n’est faite en matière de santé. Sur toutes ces questions, la FSU, au sein du CHSCTD, jouera pleinement son rôle et dénoncera la responsabilité de l’employeur qui, une fois n’est pas coutume, ne garantit pas la sécurité de ses agent-es sur le terrain. Tous les personnels ont reçu sur leur boîte professionnelle la feuille de route académique où il est question de favoriser la qualité de vie au travail, d’améliorer le bien-être des personnels, de mieux informer et accompagner les personnels, de renforcer la prévention des risques professionnels. Sont-ce de simples beaux discours ?

Déclaration – version PDF