Comment garantir un droit à une alimentation de qualité pour tous·tes ? Telle est la question à laquelle ont tâché de répondre les invités de la table ronde organisée par le collectif départemental AES (Alliance Ecologique et Sociale) dont fait partie la FSU 91 et auquel il est très attaché. Ce fut une soirée enthousiasmante qui réunissait une grande diversité d’acteur.ices autour de la question de l’alimentation pour tous.tes. Retrouvez dans cet article notre compte-rendu par notre militant Sylvain MESTDAGH.

 

Table ronde organisée par l’AES avec :

  • Bénédicte Bonzi, anthropologue, auteure de La France qui a faim
  • Jean Claude Balbot, de l’Atelier Paysan
  • Michel Bisson, président du Grand Paris Sud
  • Abderrezak Bensalem, de Génér’action, association de solidarité alimentaire.

 

Jean Claude Balbot, de l’Atelier Paysan, a d’abord évoqué l’échec de la politique agricole menée depuis l’après-guerre. D’une part, elle a détruit le monde agricole : Alors que les paysan.nes étaient 1 million dans les années 70, ils et elles ne sont plus que 300 000 aujourd’hui et l’on connaît le sinistre chiffre de 1,5 suicide par jour. D’autre part, elle ne permet pas de fournir à toute la société une nourriture à la fois saine et suffisante. La preuve : en 2010 l’aide alimentaire est considérée comme partie prenante de la politique agricole ! En France, ce sont 12 millions de personnes dans la précarité alimentaire et 5 à 7 millions ont recours à l’aide alimentaire. Il faut donc constater l’échec du complexe agro alimentaire pour nourrir la France.

Le témoignage d’Abderrezak Bensalem, de Génér’action, une association de solidarité alimentaire, était particulièrement éclairant sur le sujet. Le nombre de bénéficiaires de son association a explosé, depuis le covid notamment. Il doit faire face à une équation presque impossible à résoudre : comment proposer une alimentation saine et traiter dignement celles et ceux qui connaissent la précarité alimentaire ? On a vu à travers ses mots la force, l’énergie et l’inventivité de celles et ceux qui doivent gérer l’urgence.

Bénédicte Bonzi, anthropologue, a poursuivi la réflexion en montrant les impasses à long terme de l’aide alimentaire. Les acteur.ices de celle-ci sont absolument nécessaires : sans eux, nous connaîtrions sans aucun doute des émeutes de la faim et du pillage. Mais sur le principe, ce fonctionnement place les personnes les plus précaires dans une situation humiliante où elles doivent se nourrir de ce que les autres n’ont pas voulu. De plus, l’aide alimentaire est devenue un moyen pour les grandes entreprises d’écouler leur surproduction en la défiscalisant ! S’il faut donc continuer à parer l’urgence, il faut aussi réfléchir à un autre système.

 

Le projet de sécurité sociale alimentaire (SSA) est enthousiasmant à bien des égards. A l’instar de la sécurité sociale telle que nous la connaissons, la SSA reposerait sur 3 piliers essentiels :

l’universalité : tout.e citoyen.ne doit pouvoir avoir accès à une alimentation saine sans avoir à prouver quoi que ce soit. Concrètement chacun.e recevrait tous les mois une somme pour acheter de la nourriture chez des producteur.ices conventionné.es.

le conventionnement et donc de la démocratie : il s’agirait de mettre en place des instances pour choisir collectivement les critères pour conventionner les exploitations agricoles (usage de pesticide, traitement de la terre etc.)

les cotisations : elles permettraient de financer le système et de socialiser ainsi notre alimentation.

 

Les débats ont ensuite porté sur la possibilité de mettre en place un tel projet en partant du déjà-là que représente notre sécurité sociale actuelle. Michel Bisson, président du Grand Paris Sud, a noté que les collectivités n’en avaient pas les compétences. Au cours de la discussion est aussi apparue la question du nombre de paysans et de leur accès à la terre sans endettement.

 

Ce débat sera sans nul doute un point de départ passionnant pour les débats qui animeront notre congrès fédéral départemental qui aura lieu en décembre prochain.