Depuis son congrès départemental, en décembre dernier, la FSU 91 a renforcé son engagement dans la défense des droits des travailleurs, des étudiants et des élèves étrangers. Elle multiplie les actions et les initiatives d’abord en FSU, mais aussi avec la CGT Education, et avec les associations qui composent le collectif Exilés 91. Ces actions et initiatives prennent plusieurs formes et doivent être de plus en plus investies par le réseau de l’ensemble des adhérent.es. Retrouvez dans cet article le compte-rendu de l’audience sur les MNA avec le Conseil Départemental, le vendredi 6 juin 2025.

Cette audience a réuni Mathieu ALESI, directeur de la prévention et de la protection de l’enfance au Conseil Départemental, Catherine MARSAULT, cheffe de service de la cellule MNA au Conseil Départemental, et des représentants de la FSU (Yelena SUSIC), de la CGT Education (Miléna FISSIER-HESNARD) et de RESF (Dominique DURAND). Elle a eu lieu à la demande des organisations syndicales et de RESF, après plusieurs semaines d’attente d’une date. Initialement la demande était adressée à la DSDEN, au CD et à la Préfecture, depuis le mois de mars 2025, et devait permettre une audience conjointe, mais aucune des Administrations sollicitées n’a souhaité l’organiser, chacune préférant nous recevoir en se limitant à son strict champ de compétence. Ce refus, qui n’a jamais été formulé explicitement et qui a plutôt pris la forme d’un silence, est lourd de sens : il signe l’inertie des pouvoirs publics face à une situation sclérosée qui produit, de façon systémique, une véritable maltraitance institutionnelle. La DSDEN doit se charger de la scolarisation, mais cette scolarisation est bien souvent entravée faute de places dans les établissements, ou freinée par les modalités de prise en charge par le Conseil Départemental ; la Préfecture, quant à elle, enregistre les jeunes MNA au moment de leur arrivée en France et les retrouve ensuite, à leur majorité, pour régulariser leur situation … ou pas. Les situations des jeunes que nous connaissons font état d’un véritable cercle vicieux : pas de scolarisation, pas de titre de séjour possible. Et dans le contexte de budget contraint que nous connaissons, le Conseil Départemental n’arrange en rien les choses. C’est ce que l’audience du vendredi 6 juin a mis particulièrement en lumière.

Le suivi de la scolarisation des jeunes MNA est à la charge du Conseil Départemental qui travaille avec un réseau d’éducateurs et de travailleurs sociaux. Mais le manque de moyens humains et les choix d’organisation ne permettent pas de construire un suivi véritablement efficace et continu. Pour preuve, c’est par exemple la responsable de la cellule MNA du département qui reçoit sur son téléphone portable les SMS et notifications concernant les absences et les retards des jeunes dans les lycées où ils sont inscrits ! Dans ces conditions, aucun suivi fin par les éducateurs n’est rendu possible. La FSU et la CGT Education ont dénoncé fermement ce choix d’organisation, qui produit et entretient le décrochage scolaire de jeunes qui ont plus que jamais besoin qu’on les accompagne étroitement dans leurs parcours de formation.

Actuellement, l’Essonne accueille 640 Mineurs Non Accompagnés hébergés selon deux modalités différentes :

  • soit les jeunes sont en structures, dans des appartements partagés : dans ce cadre, ils sont pris en charge par des éducateurs (1 éducateur pour 10 jeunes) ;
  • soit ils sont dans des hôtels à St Michel-sur-Orge ou à Corbeil-Essonnes, dans l’attente d’une place en structures : 140 jeunes sont dans ce cas, et on compte seulement 3 travailleurs sociaux pour tous les encadrer.

L’accueil des jeunes dans les hôtels est très problématique, ce qui constitue une rupture d’égalité avec les autres jeunes accueillis dans les structures. Les conditions d’hébergement et de prise en charge sont indignes : aucun n’a d’argent de poche ni de téléphone portable, la nourriture les rend malades, ils n’ont pas d’aide pour faire leurs démarches administratives, et n’ont pas le droit de recevoir à l’hôtel les bénévoles des associations ! L’hôtel devrait être une solution provisoire, mais pour beaucoup d’entre eux, cela fait plusieurs mois voire plus d’une année qu’ils y vivent. Les critères qui permettent de déterminer qui pourra en partir, une fois des places en structures libérées, sont par ailleurs très opaques : le Conseil Départemental priorise l’âge et la situation de santé, mais la réalité est bien plus complexe et crée des situations d’injustices très fortes.

Le Conseil Départemental reconnaît que les jeunes sont livrés à eux-mêmes dans les hôtels et que ces conditions ne sont pas dignes d’un véritable service public. Il se défend en arguant qu’il a lancé un appel à projet jusqu’à mi-juillet 2025 pour favoriser l’ouverture de 800 places en structures. Selon le Conseil Départemental, plus aucun jeune ne devrait donc être hébergé à l’hôtel à partir de janvier 2026. La FSU 91, avec la CGT Education 91 et RESF 91, continuera d’apporter son soutien aux MNA de l’Essonne et restera attentive à toutes les décisions prises dans les prochains mois concernant leur accueil et leur prise en charge sur le département.