Une F3SCT Education Nationale a eu lieu le jeudi 26 juin dernier. Elle s’est tenue dans un contexte de dialogue social très dégradé, suite à un renouvellement important des personnels encadrants de la DSDEN. Retrouvez dans cet article le compte-rendu de vos élu.es FSU et la déclaration liminaire lue en début d’instance.
Cette F3SCT a eu lieu peu de temps après la nomination à la Direction Académique d’un nouveau Secrétaire Général, M. Sylvain DEMONT, et de deux nouveaux Dasen Adjoints, Mme Véronique GASTE et M. Grégory MACIAZEK. Cette instance a eu lieu également peu de temps après la restitution de la visite de la F3SCT au collège Mozart qui a mis en lumière combien la DSDEN était loin de comprendre les risques psychosociaux, pourtant en constante hausse, auxquels sont exposés les personnels d’Education dans les écoles et les établissements. Lors de cette restitution le jeudi 12 juin, ni le Secrétaire Général ni le Dasen Adjoint en charge du collège Mozart n’était présent. Cette absence a sonné comme une indifférence notoire à la dégradation des conditions de travail que vivent nos collègues. Mais cette indifférence s’est teintée de mépris quand les représentants des personnels en F3SCT ont découvert que les préconisations formulées dans le compte-rendu de visite et votées lors de la F3SCT du jeudi 10 avril avaient été reformulées pour passer sous silence, lors de la restitution, le manque criant de moyens. C’est pourtant ce manque de moyens qui explique en grande partie les facteurs de risques psychosociaux issus de la grille de Gollac (pour plus d’infos, cliquez ici). L’instance a donc commencé par un bilan de cette restitution qui a donné lieu à des échanges très tendus et une dénonciation unanime par toutes les OS de la posture indigne de l’Administration lors de cette restitution. Cette dénonciation a été portée au niveau académique, lors d’une réunion de toutes les F3SCT de l’Académie de Versailles le mardi 1er juillet après-midi. L’ISST (Inspectrice Santé et Sécurité au Travail) a déploré la dégradation du dialogue social dans la F3SCT de l’Essonne et a formulé quelques pistes pour l’améliorer.
Cette F3SCT a eu lieu également après plusieurs audiences et instances sur les conditions de travail des enseignant.es d’UPE2A de l’Essonne. Souvenez-vous : la FSU 91, avec la CGT Education 91, a porté ce sujet tout au long de cette année scolaire en organisant des formations syndicales et en relayant la parole des collègues auprès d’une Administration très défaillante et peu à l’écoute de leur souffrance (cf. notre article sur ce sujet). La F3SCT du 26 juin a été l’occasion d’entendre une représentante des enseignant.es d’UPE2A qui est intervenue en tant qu’experte pour présenter tous les risques psychosociaux auxquels ses collègues sont exposé.es. Cette présentation, chirurgicale et puissante, a montré combien leur situation devenait intenable : valse des circulaires de plus en plus contraignantes, surcharge de travail et manque de moyens, missions de plus en plus difficiles, conditions de recrutement opaques, relations dégradées avec le CASNAV, anxiété. A ce tableau s’ajoute l’utilisation de l’application EANA, obligatoire pour les enseignant.es du 1er degré, qui cristallise à elle seule beaucoup de facteurs de risques psychosociaux. Tout d’abord, elle crée une surcharge de travail parce qu’on impose aux collègues de renseigner des données pédagogiques, qu’ils doivent par ailleurs transmettre sous une autre forme aux professeur.es des écoles qui n’ont pas d’accès à cette application. Ensuite, elle génère une perte de sens du métier puisqu’on impose aussi aux collègues de renseigner des données inutiles ou des données qui disparaissent sans que personne ne sache où elles atterrissent. Enfin, elle suscite des inquiétudes majeures des collègues qui, dans le contexte politique actuel, sont en proie à un véritable conflit de valeurs : les données sensibles concernant les élèves et leurs familles doivent être sécurisées et sont sous le coup de la loi RGPD. Sauf qu’aucune famille n’est réellement informée du recueil de ces données, de la durée de leur conservation et du droit dont disposent les familles pour les faire supprimer. Le déploiement de cette application étant académique, la F3SCT académique a voté à l’unanimité un avis concernant l’utilisation de cet outil numérique le mardi 24 juin. Un GT devrait donc avoir lieu, conformément à la demande des OS, dans le courant de l’année 2025-2026. Au niveau départemental, compte tenu de tout le travail construit cette année sur ces questions, un avis a été voté à l’unanimité (cf. avis n°1 ci-dessous), pour que les enseignant.es d’UPE2A soient destinataires d’un questionnaire pour évaluer les risques psychosociaux auxquels ils sont exposés. Leurs réponses feront l’objet d’une étude approfondie qui donnera lieu à des préconisations de la F3SCT 91.
Cette F3SCT a eu lieu enfin après le refus de la Directrice Académique à une demande d’enquête au lycée Geoffroy St Hilaire, à Etampes. Cette demande avait été formulée par trois organisations syndicales (FSU-FO-CGT), suite à l’accident extrêmement grave survenu dans l’établissement le jeudi 22 mai après-midi (cf. notre communiqué). La réglementation prévoit en effet que la F3SCT est habilitée à organiser une enquête « à la suite de tout accident ayant entrainé ou ayant pu entrainer des conséquences graves » (article 64 du décret 2020-1427 du 20 novembre 2020). La Directrice Académique, à cette demande d’enquête, répond qu’il ne s’agit pas d’un accident mais d’un « incident ». Nous parlons pourtant d’un jet d’une porte sur des personnels depuis la fenêtre du 3ème étage d’un bâtiment, qui a donné lieu à plusieurs déclarations d’accidents de service par les personnels concernés ! Là aussi, sur ce sujet, l’ensemble des organisations syndicales représentantes en F3SCT ont dénoncé avec force et fermeté, lors de l’instance, ce refus d’enquête dont les motivations semblaient sans fondement. Un avis a été voté à l’unanimité (cf. avis n°2 ci-dessous) pour demander que la Directrice Académique reconsidère son refus. Quelques jours après la F3SCT, un courrier a été adressé à l’ensemble des membres de l’instance les informant que l’enquête aurait bien lieu au lycée Geoffroy St Hilaire, avant les congés d’automne. La FSU se satisfait de cette victoire syndicale qui permettra à une délégation d’étudier avec précision les conditions dans lesquelles l’accident a eu lieu et de formuler des préconisations, pour qu’aucun autre accident de cette nature n’ait lieu dans une école ou un établissement.
Avis n°1
Compte tenu de l’ensemble des risques psychosociaux auxquels sont exposés les enseignants d’UPE2A de l’Essonne,
Compte tenu des avis votés par la F3SCT 91 et des réponses insuffisantes à ces avis formulés par l’Administration,
Compte tenu des nombreuses difficultés exprimées lors des différentes audiences qui ont eu lieu au cours de l’année 2024-2025,
Compte tenu des problématiques majeures que pose l’application EANA,
Compte tenu des pressions qui s’exercent sur les enseignants d’UPE2A et qui empêchent de remplir des fiches SST,
Les représentants des personnels de la F3SCT 91 demandent que le questionnaire académique d’évaluation des risques psychosociaux, déjà utilisé dans le cadre de la visite du collège Mozart, soit transmis à tous les enseignants d’UPE2A du 1er et du 2nd degré du département et que leurs réponses fassent l’objet d’une étude approfondie de leurs conditions de travail, suivie d’un plan de prévention et d’améliorations concrètes.
Avis n°2
Les échanges qui ont eu lieu lors de la F3SCT du 26 juin 2025 concernant la demande d’enquête suite à l’accident survenu au lycée Geoffroy St Hilaire le jeudi 22 mai 2025, ne permettent pas de motiver le refus de cette enquête.
Les organisations syndicales contestent le choix du mot « incident » et constatent des informations parcellaires dans le rapport de prévention, informations qui auraient pourtant pu éclairer davantage la situation et justifier, compte tenu des risques identifiés avant l’accident, la pertinence d’une enquête.
Dans ces conditions, à la lumière des informations transmises lors de la F3SCT du 26 juin, l’ensemble des organisations syndicales demande à Mme la Directrice Académique de bien vouloir reconsidérer sa décision de refus de cette enquête.