Une F3SCT Education Nationale a eu lieu le jeudi 10 avril dernier. Elle s’est tenue dans un contexte tendu : faute de moyens et de prévention, les écoles et établissements connaissent des crises intenables et les situations d’agents en souffrance se multiplient. Retrouvez dans cet article le compte-rendu de vos élu.es FSU et la déclaration liminaire lue en début d’instance.
L’ordre du jour particulièrement chargé témoigne de l’insuffisance des réponses apportées par notre employeur en matière de santé et sécurité au travail. Cet ordre du jour a été aussi extrêmement contraint par l’Administration qui a refusé ou reformulé certains points demandés par les organisations syndicales représentatives. Ce changement de ton et de pratique dans le fonctionnement de l’instance est de nature à nous inquiéter : il signe une attaque au dialogue social et à la liberté d’expression des représentants des personnels pendant les débats. La FSU l’a dénoncé fermement dans sa déclaration liminaire et mettra tout en œuvre pour que cette dérive n’ait plus lieu. Tous les points refusés seront traités dans les prochaines instances qui auront lieu au mois de juin (CSA ou F3SCT).
La F3SCT du 10 avril a débuté sur la présentation, pour information, du travail réalisé par les conseillères de prévention sur le déploiement des DUERP dans le 1er degré. Rappelons que l’Education Nationale est loin de respecter la réglementation sur ce plan et qu’elle tarde à mettre en place cet outil pourtant obligatoire sur tous les lieux de travail. Le DUERP (Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels) permet en effet à l’ensemble des agent.es de recenser tous les risques auxquels chacun.e est exposé.e dans son unité de travail et en fonction des gestes professionnels réalisés dans cette unité. A tous ces risques observés, l’employeur doit apporter une réponse de nature à faire disparaître ou à diminuer l’ensemble des risques. L’Essonne et les Yvelines sont des départements pilotes et ont eu la lourde tâche de mettre en place les DUERP, d’abord dans le 1er degré (le 2nd degré suivra). Ce travail de recensement peut désormais se faire via un outil fonctionnel, un applicatif et un Edusondage académiques, créés en 2023. Reste maintenant à construire cette culture du DUERP dans les écoles. La FSU identifie plusieurs freins : cette construction prend du temps et les collègues devront s’approprier ce nouveau travail, pourtant essentiel, au moment où l’école traverse une crise sans précédent. Difficile, dans ces conditions, de recenser des risques quand la plupart des personnels se considèrent déjà comme en danger ! Par ailleurs, les relations avec les collectivités restent souvent problématiques. Pour bon nombre de communes, l’Education Nationale n’obtient quasiment aucune réponse sur les risques observés concernant le bâti. Dans le contexte de campagne électorale qui débute, la FSU constate que les maires préfèrent prioriser ce qui est payant électoralement et donc ce qui concerne en premier lieu les usagers, et pas nécessairement les personnels. L’enjeu est donc de parvenir à faire comprendre que ce qui est bon pour les personnels est souvent bon pour les élèves.
Le débat sur les conditions de travail des enseignants en UPE2A est le point qui a occupé le plus de place dans cette instance. Ce débat – auquel a participé Mme JUVENON-LEMAÎTRE, IEN-ASH en charge des EANA – s’est déroulé de façon très décousue et a été verrouillé par les problématiques préalables imposées par l’Administration. Aucune réponse concrète n’a été apportée pour améliorer les conditions de travail de nos collègues. Sur les risques psychosociaux que les représentants FSU ont recensés, la DSDEN fait preuve d’un déni scandaleux et s’avère totalement incapable d’adopter un point de vue susceptible de donner lieu à une véritable prévention. C’est pourquoi, les représentants FSU se sont faits les porte-parole de leurs collègues, réunis une semaine auparavant en formation, et ont présenté un avis voté à l’unanimité, que vous trouverez ci-dessous :
Avis F3SCT sur les conditions de travail en UPE2A :
Compte tenu des difficultés exprimées lors de l’audience du mardi 25 mars 2025 et lors de la F3SCT du jeudi 10 avril 2025, la F3SCT 91 constate que les enseignant.es d’UPE2A sont exposé.es à de nombreux risques psychosociaux. Se faisant le porte-parole de leurs collègues, les représentants des personnels demandent pour l’ensemble des enseignant.es en UPE2A :
-
que soit installé un temps commun régulier et inclus dans les horaires à la fois dans les établissements et entre pairs pour sortir de l’isolement.
-
que toutes et tous soient considérés comme des experts dans leurs métiers et dans leurs pratiques et qu’ils bénéficient d’une réelle liberté pédagogique.
-
que cesse la perte de sens dans le travail, par la garantie de débouchés d’orientation choisie et adaptée à tous les élèves UPE2A.
-
que soit dégagé du temps pour optimiser l’accueil des élèves dans le second degré.
-
que soient garanties des conditions matérielles décentes et des dotations fléchées par les collectivités territoriales (avec un stock disponible).
-
qu’ils aient un lieu identifié et adapté dans tous les établissements qui accueillent des élèves UPE2A.
-
que cessent les risques psychosociaux liés aux visites conseils et qu’un accompagnement bienveillant et humain soit assuré en adéquation avec la réalité du terrain, ce qui permettrait par exemple de limiter les démissions.
-
que toutes et tous sortent de la tension entre le prescrit et le réel.
-
que cesse la publication régulière de circulaires académiques et départementales qui sont restrictives par rapport à la circulaire nationale de 2012 et qui sont facteurs de souffrances chez les personnels.
-
qu’on cesse d’imposer, surtout dans le premier degré, une formation exclusivement orientée sur la mission de personnes ressources.
-
qu’on propose des formations spécifiques de qualité adaptées aux besoins d’actualisation des connaissances dans le champ de la didactique des langues et des cultures avec des chercheurs spécialistes du domaine.
La F3SCT s’est ensuite poursuivie et a permis de présenter le compte-rendu de la visite du collège Mozart à Athis-Mons, qui a eu lieu en novembre dernier. Ce compte-rendu et ses préconisations validés par la majorité des représentants des personnels (8 voix sur 10) seront présentés aux personnels du collège au mois de juin, lors d’une restitution officielle en plénière. Un avis pour revendiquer plus de moyens humains pour ce collège a par ailleurs été voté à l’unanimité. Cet avis vient compléter le compte-rendu et les préconisations, davantage axés sur la prévention des risques psychosociaux.
Le dernier point traité lors de cette F3SCT concernait les situations particulières, et notamment celles des établissements qui ont dû faire face récemment à une violence inédite, suite à la mort du jeune Sekou devant le lycée de Yerres et suite à l’incendie volontaire au collège Montesquieu d’Evry. La DSDEN a présenté aux représentants les dispositifs d’accompagnement mis en place pour les personnels d’éducation dans les établissements concernés. La FSU constate l’insuffisance et l’inefficacité de ses dispositifs, faute de protocole d’urgence pour les établissements en crise. Les représentants en F3SCT réclament depuis plusieurs mois, dans l’Essonne et au niveau académique, la tenue de groupes de travail qui pourront permettre de faire le constat partagé des réels besoins des équipes confrontées à ces crises. A ce jour, l’Administration n’a pas donné suite à cette demande.