L’Essonne offre le triste exemple d’un délitement inquiétant des valeurs de solidarité et d’égalité, pourtant essentielles pour construire les fondements d’une société fraternelle, inclusive et respectueuse de la dignité des personnes. Comme partout ailleurs, les dernières politiques d’austérité ont cassé les services publics qui sont devenus des fabriques de maltraitances institutionnelles et d’injustices sociales. L’école, en échec faute de moyens, ne joue plus son rôle émancipateur et abandonne la jeunesse à la rue, où les rixes font rage. Les coupes budgétaires drastiques du Conseil Départemental fragilisent tout particulièrement la prévention spécialisée qui ne cesse d’alerter sur les situations d’enfants en danger que plus personne ne pourra aider. La crise que traverse l’hôpital public n’est plus à démontrer et se concrétise, dans notre département, par la fermeture de postes, de services et d’hôpitaux. La Préfecture, quant à elle, renonce à défendre les droits les plus fondamentaux, applique à la lettre la circulaire Retailleau et place des personnes immigrées en charge de famille dans des conditions intenables, d’attente, de précarité et d’insécurité : à ce jour, c’est des milliers d’étrangers qui espèrent être régularisés, en vain. Cette détresse qui touche les plus vulnérables – les enfants, la jeunesse, les malades, les étrangers – fait le terreau de l’extrême-droite et de ses idées qui s’expriment de plus en plus dans les têtes et dans les urnes. Ce climat délétère produit du désarroi et organise une société autoritaire de méfiance et de contrôle qu’il faut impérativement combattre.

La lutte antifasciste est plus que jamais indispensable, alors que le fascisme se propage partout dans le monde. Aux États-Unis, Trump a lancé une offensive transphobe d’une ampleur considérable. En Argentine, après des manifestations massives qui ont rassemblé retraité·es et supporters de foot dans une alliance populaire, Milei envisage d’interdire les associations de supporters. En Hongrie, Orban a annoncé sa volonté d’interdire la Marche des fiertés. En Italie, Meloni externalise l’enfermement des personnes migrantes, envoyant les exilés dans des camps en Albanie… On ne peut combattre le fascisme sans confronter les colonialismes. En Palestine, en Iran, en Ukraine, au Congo, au Rojava, à Haïti … il est urgent de dénoncer la responsabilité des pays impérialistes et leur soutien.

En 2024, un large collectif de syndicats et d’associations a décidé de faire de la journée du 8 mai une date essonnienne de lutte contre le fascisme. Cet engagement se manifeste à nouveau en 2025, année hautement symbolique puisqu’elle correspond à la commémoration des ignobles massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, ainsi qu’au 80ème anniversaire de la libération des camps de la Seconde Guerre Mondiale. Ces événements mémoriels nous rappellent combien l’humain peut être inhumain sous l’emprise d’une idéologie, et doivent nous inviter à nous interroger encore et toujours, en particulier dans le contexte politique inquiétant que nous connaissons.

La privation totale de liberté s’est exercée, dans les camps de concentration et d’extermination, sur des populations entières parce qu’elles étaient jugées étrangères à un corps national et sain. « Toujours debout, jamais à genoux », disait Raymond Gurême, figure essonnienne de la communauté des Voyageurs, ancien déporté et militant infatigable. Pour bon nombre de nos concitoyen.nes, c’est ce credo qu’il faut encore scander, ici et aujourd’hui, pour ne pas être privé.e de sa dignité et de son identité. La lutte contre l’extrême-droite et contre l’extrême-droitisation des discours et des politiques est plus que jamais d’actualité.

Toutes et tous ensemble faisons de ce 8 mai 2025

un moment rassembleur, festif et combatif.