Au dernier CDEN du lundi 16 septembre, après les échanges sur la dotation globale de fonctionnement des collèges, a été abordée la question des médiateurs. Installés depuis deux ans et progressivement dans les collèges du département, avec l’objectif d’atteindre le nombre de 25 à l’horizon 2028, un bilan très positif a été fait par le CD. Suite aux « Assisses de la jeunesse » en 2021, ils étaient une « réponse » aux rixes que connaît l’Essonne. La FSU 91 est plus que dubitative sur leur mise en place. Elle regrette que les organisations syndicales n’aient jamais été associées ni consultées et critique un manque de formation et de clarté dans les missions des médiateurs. Elle insiste aussi sur le fait que l’encadrement des élèves est une prérogative de l’état qui se désengage fortement dans l’Essonne en privant les vies scolaires de recrutements supplémentaires dans un contexte de forte croissance démographique. La question sérieuse de la gestion des conflits et des rixes ne doit pas être instrumentalisée par le CD91. L’apparition des médiateurs fait aussi concurrence au métier des assistantes sociales présentes dans les collèges : une fois de plus, l’Etat, qui refuse de donner des moyens supplémentaires, dévalorise une profession pourtant essentielle en se reposant sur la collectivité territoriale pour compenser la casse du service public. Découvrez dans cet article l’analyse du SNUASFP-FSU 91, syndicat des assistantes sociales de la fonction publique.

En 2022, a été voté un schéma directeur de sécurité et de prévention des violences et de la délinquance en Essonne, c’est dans ce cadre-là qu’il y a eu une expérimentation de la médiation bien-être scolaire dans les établissements du 91. Ce dispositif est référencé dans le schéma de lutte contre les rixes. C’est suite à cela que le département, en 2023, décide de recruter des médiateurs « bien-être scolaire ». Actuellement, au nombre de 10, l’objectif est d’atteindre un effectif de 25 sur l’ensemble du département. Un diplôme Bac à Bac+2 est requis mais aucun diplôme de travail social. Ces médiateurs sont formés pendant quelques semaines par leurs pairs et pour le reste, ils sont sensés apprendre « sur le tas » en visitant différents services.

Chaque éducateur est affecté dans deux établissements et ses missions sont très ambitieuses :

Développer la prévention en milieu scolaire (facilitation de la réflexion par le dialogue sur les conduites à risques, harcèlement, michetonnage, rixes…) en lien avec les partenaires du territoire.

– Concourir à la prévention des violences et de la délinquance en construisant un maillage solide avec les acteurs présents sur le territoire (commune, mission locale, police, gendarmerie, acteurs sociaux…)

– Développer un rôle de conseil et d’accompagnement des élèves, de leurs familles et de la communauté éducative

– Intervenir auprès des élèves afin de prévenir et de gérer les difficultés, crises et conflits issus de situations individuelles ou collectives

– Aider aux élèves à résoudre les conflits par le dialogue et développer des valeurs de respect et de tolérance ainsi que de citoyenneté

– Rappeler les règles et de la loi en donnant un sens à celles-ci et aux sanctions posées par les membres de la communauté éducative.

– Contribuer à la dynamique de déploiement du projet jeunesse par un travail régulier en réseau avec les porteurs d’actions au sein des collèges (gestionnaire de projet, référents, coordonnateurs de territoire…)

– Identifier et être présent dans les espaces sensibles ainsi que pendant les moments critiques.

– Repérer, accompagner, suivre des élèves et les orienter vers d’autres professionnels si nécessaire

– Participer et conduire de projets éducatifs

– Participer à la communauté éducative, aux réunions institutionnelles et partenariales ;

– Rendre compte de son activité à l’équipe de direction et au Département (bilan d’activité, partage de pratiques…)

 

C’est dans ce catalogue à la Prévert que chaque chef d’établissement crée une fiche de poste en fonction des besoins qu’il a identifiés, ce qui peut conduire un même médiateur à exercer des missions différentes dans chacun de ses lieux d’exercice. Par contre son employeur, le CD du 91 , lui assure les moyens matériels en local et équipement quand les assistantes sociales scolaires sont encore obligées parfois de négocier un bureau non partagé et une ligne téléphonique…

De manière plus générale on voit bien que ces médiateurs à qui l’on demande de rencontrer des élèves, faire des entretiens poussés, intervenir dans des démarches de prévention viennent télescoper les missions du service social scolaire sans en avoir la formation, le diplôme et le cadre déontologique. Par ailleurs, la plupart ne communique ni avec l’équipe éducative, ni avec les familles, ce qui crée des difficultés dans l’accompagnement que l’assistante sociale peut mettre en place.

Pourquoi installer ces nouveaux acteurs à l’intérieur des établissements scolaires, qui ne sont pas tous concernés par des rixes, quand il y a tant à faire dans les quartiers ? Quel est le réel objectif poursuivi ? Cela ne conduit-il pas à invisibiliser encore un peu plus les assistantes sociales scolaires ? Autant de question que le SNUASFP FSU entend poser aux décideurs dans les semaines à venir !