Le collège Jean Lurçat de Ris-Orangis a alerté la FSU 91 et la CGT Education 91, au mois de septembre, sur la situation de ses agent.es d’entretien, menacé.es par le Conseil Départemental d’être remplacé.es par un service privé. Cette privatisation aurait lieu à partir de février. Les deux organisations syndicales ont demandé une audience au CD, qui a eu lieu le vendredi 15 novembre à 17h30. Retrouvez dans cet article notre compte-rendu.

L’audience a permis tout d’abord de faire un point de situation sur les collèges qui bénéficient déjà de l’externalisation de leurs services d’entretien. Ce projet est en route depuis 2019 et concerne maintenant 18 collèges dont la liste nous est désormais connue : Gérard Philipe (Massy), Pierre de Ronsard (Paray-Vieille-Poste), Louis Pasteur (Brunoy), Les Pyramides (Evry), Paul Eluard (Ste-Geneviève-des-Bois), Albert Camus (La Ferté-Alais), Fleming (Orsay), Nicolas Boileau (St-Michel-sur-Orge), Le Saussay (Ballancourt), Bellevue (Crosne), Jean Moulin et Albert Camus (La Norville), Rosa Parks (Villabé), Henri Wallon (Vigneux-sur-Seine), La Nacelle (Corbeil-Essonnes), Alain Fournier (Orsay), Camille Claudel (Saint-Pierre-du-Perray) et Claudine Hermann (Massy). L’entretien de tous ces établissements est actuellement assuré par une entreprise privée et, aux dires du Conseil Départemental, tout se passe bien. Selon M. Bérenger, vice-président du CD en charge des collèges, cette externalisation a eu lieu et aura bientôt lieu dans les établissements où 50% ou plus de 50% des fonctionnaires territoriaux sont en arrêt longue maladie. Des chiffres nous ont été donnés : sur environ 500 postes d’agents d’entretien dans les collèges du département, le CD doit organiser le remplacement d’environ 100 agents. Ces remplacements sont pour le moment en partie assurés par des personnels embauchés par des associations dans le cadre d’un projet d’insertion professionnelle, mais le CD estime que cela ne couvre pas tous les besoins et surtout que « cela a un coût » (SIC). Cette privatisation du service, si elle est d’abord présentée par le CD comme une solution pour améliorer le fonctionnement du service, est en réalité un moyen de réduire les coûts induits par les remplacements des personnels qui ne sont plus en mesure d’exercer leur métier. Cette privatisation participe donc à la stratégie d’économie budgétaire d’un Conseil Départemental en grandes difficultés financières. Diminuer l’offre de repas à la cantine, diminuer les dotations globales de fonctionnement des collèges, procéder à de scandaleux écrêtements ne suffisent visiblement pas. Le CD a aussi besoin de s’en prendre aux personnels en les chassant des établissements. C’est une honte, surtout quand on sait que la majorité des agent.es d’entretien sont des femmes.

En aucun cas, cette pratique d’externalisation ne doit être une généralisation pour l’ensemble des collèges, nous a précisé le Conseil Départemental. La FSU 91 s’inquiète pourtant de cette augmentation chaque année du nombre de collèges concernés, d’autant plus que le CD a refusé d’identifier les établissements concernés pour l’année 2025. La décision d’externaliser l’entretien est de surcroît très culpabilisante pour les agents en arrêt maladie, alors que c’est l’employeur lui-même qui dégrade leur santé et qui refuse de réfléchir à la pénibilité du travail qu’il faut réaliser dans des collèges de plus en plus vétustes ! L’externalisation est une solution de facilité qui maintient le CD dans le déni des difficultés rencontrées par les agents territoriaux sur le terrain. Et si par ailleurs ce projet n’est pas amené à être généralisé, pourquoi mettre en place l’externalisation dans un collège comme Claudine Hermann à Massy qui vient d’ouvrir en septembre 2024, qui n’avait aucun personnel à remplacer et qui n’entrait donc pas dans les critères présentés par le CD ? A cela, M. Bérenger n’a pas su quoi répondre. La FSU 91 met donc sérieusement en doute les réelles motivations du CD sur ce projet et juge très inquiétante cette externalisation imposée à marche forcée. Elle participe à la casse généralisée du service public d’éducation et doit donc être combattue.

Le CD aura beau dire que cette externalisation n’est pas imposée à un établissement, qu’elle répond à un besoin exprimé par le chef d’établissement, le secrétaire général ou les agents, ce n’est pas le cas au collège Jean Lurçat de Ris-Orangis. Ce projet d’externalisation n’est en rien une demande de l’établissement et personne n’a préparé le collège à ce changement qui apparaît véritablement comme imposé. L’audience a donc permis de lever le voile sur les pratiques douteuses du CD. Personne au collège Jean Lurçat n’aurait dû être mis au courant si tôt, nous a-t-on dit. Une réunion doit avoir lieu à la fin du mois de novembre pour expliquer aux agents les modalités de ce changement. C’est à cette réunion qu’on leur expliquera que les fonctionnaires en poste seront déplacées dans un autre établissement, sauf l’une d’entre elle qui restera au collège pour être un « aiguillon » pour les nouvelles collègues de l’entreprise qui arriveront. C’est aussi à cette réunion que le CD se justifiera d’une telle décision en démontrant qu’il ne peut plus payer les remplacements et qu’il préfère déléguer à une entreprise cette charge, pour faire des économies. Dans ces conditions, et puisque l’externalisation ne doit pas être imposée aux établissements, la FSU 91 et la CGT Education 91 ont exigé que le CD revienne sur sa décision concernant le collège Jean Lurçat. M. Bérenger n’a pas souhaité répondre à cette demande à la fin de l’audience, mais s’est engagé à réexaminer de près cette situation et à revenir vers nous et vers l’établissement.