Dix mois que les postiers sans papiers de DPD luttent quotidiennement que ce soit en tenant un piquet devant l’entreprise située au Coudray-Montceaux ou en manifestant avec leurs camarades de RSI de Gennevilliers et de Chronopost d’Alfortville.
Dix mois qu’ils dénoncent un système qui les surexploite en les maintenant dans l’illégalité, malgré les preuves apportées de la réalité de leur emploi, grâce à la complicité de l’Etat et des sociétés qui s’enrichissent de leur travail.
Dix mois qu’ils vivent dans la plus grande précarité, incapables d’aider leurs familles restées au pays et même de subvenir à des besoins vitaux comme se nourrir ou se loger (460€ par mois pour une chambre de 9m2 dans un foyer).
Dix mois qu’une organisation syndicale (Sud Poste et l’Union Solidaires) assure un repas par jour et la carte Navigo aux grévistes.
Dix mois qu’un réseau d’organisations, de mairies, d’élu.es et d’individus s’est construit à leurs côtés pour leur permettre de rester debout et de continuer à clamer qu’en défendant leurs droits, ils défendent tous les droits …au pays des droits de l’Homme.
Dix mois qu’ils pratiquent l’auto-organisation au sein du Collectif des Travailleurs Sans Papiers de Vitry sur Seine (CTSPV).
Dix mois qui doivent nécessairement ébranler nos consciences et renforcer le soutien de la FSU qu’elle vient encore d’exprimer en co-signant une tribune contre le projet de loi immigration de Gérald Darmanin qui continue à stigmatiser les immigré·es et en défense de la régularisation des sans-papiers.
et je te dirai :
Je n’oublie pas que les sans papiers furent les premiers à manifester au printemps 2020 en levant ainsi la chape de plomb que le gouvernement avait installé sur le mouvement social en prenant prétexte de l’Etat d’urgence sanitaire.
Je n’oublie pas que la France ne serait pas ce qu’elle est sans l’apport de millions de travailleuses et de travailleurs sans papiers et que nous sommes nombreux et nombreuses à en être les héritiers et les héritières.
Je n’oublie pas que ces hommes et ces femmes participent à la richesse nationale par leur travail, ici dans le e-commerce, et que davantage encore que les autres travailleurs et travailleuses, il leur en revient moins puisque leurs cotisations ne leur ouvrent aucun droit.
Je n’oublie pas que ces hommes et ces femmes sont nos frères et nos sœurs en humanité et que les épreuves qu’ils et qu’elles ont traversé pour arriver jusqu’en France devraient suffire à les accueillir dignement.
Je n’oublie pas combien notre présence à leurs côtés contribue à populariser leur lutte et à ce qu’ils ne tombent pas dans l’oubli et… Je n’oublie pas d’apporter un soutien financier via la caisse de solidarité.