Monsieur le Préfet,
Monsieur le Directeur Académique,
Mesdames Messieurs les membres du CDEN,

C ‘est dans un contexte très difficile que se tient ce CDEN. En effet, cette rentrée est malheureusement à nouveau marquée par la crise sanitaire. Et alors que le ministre déclarait être serein pour cette rentrée, ce ressenti n’était pas partagé par l’ensemble des personnels. Les 18 derniers mois ont souligné l’importance de la nécessité d’un plan d’urgence pour l’École, revendiqué par la FSU. Il n’en est malheureusement rien ! Aucune mesure ministérielle pour améliorer les conditions de travail des élèves et des personnels, la publication tardive et non concertée du protocole ministériel, l’impasse sur des mesures indispensables : non-brassage systématique, absence d’une véritable stratégie de dépistage, équipements des locaux en détecteurs CO2 et travaux pour améliorer l’aération…

Aucun plan de titularisation des personnels précaires, un manque cruel de postes supplémentaires pour mettre un enseignant devant toutes les classes, assurer les remplacements et alléger les effectifs par classe et accompagner les élèves. Le recours aux contractuels qui compensait le manque d’enseignant est reconduit cette année, mais le volume recruté ne répond pas aux besoins important du terrain. Nous abordons donc cette rentrée sans aucune réserve de personnels.

De nombreux collègues dénoncent leur changement d’affectation inopiné à la rentrée alors qu’ils s’étaient déjà organisés et avaient préparé consciencieusement leur rentrée. Certains sont exaspérés, dégoutés devant un tel mépris de l’administration. Une directrice déclare : « Le bénéfice des congés d’été est déjà épuisé après deux jours de reprise ! » Plusieurs NT1 se retrouvent devant des classes ULIS sans aucune formation et surtout sans être volontaires. Monsieur le Préfet, au vu de l’attractivité décroissante du métier, peut-on se permettre de les mettre en difficulté et essuyer encore de nouvelles démissions ? Dans ces conditions comment débuter sereinement cette rentrée ? Sur le terrain, le manque de moyens de remplacement suscite de la colère et de l’exaspération chez les enseignants. Aucune réponse de la hiérarchie face à cette situation. Ou plutôt, si, une réponse : nous n’avons pas les moyens.

Ne parlons pas des moyens matériels avec lesquels les collègues commencent l’année : pas de masque, pas de gel hydroalcoolique, pas de test. Exagérions-nous, si nous demandions des capteurs de CO2 ou pire des purificateurs d’air ? Comment notre ministre peut-il ne pas mettre tout en place pour protéger ses personnels mais aussi les enfants et leur famille ? Quel manque de considération ! Ce sera encore la conscience professionnelle des collègues qui permettra de faire fonctionner le service public d’éducation puisque même s’ils sont dans le désarroi, ils tiennent le système à bout de bras. Et, eux non plus, Monsieur le Préfet, n’ont pas les moyens, et, confrontés aux réalités du terrain, en première ligne, ils assurent néanmoins leurs missions. Tous, dénoncent la même chose : un sentiment de mépris.

Le mépris ministériel récurrent se traduit également dans les revalorisations salariales actées ou proposées. Elles laissent un goût amer aux personnels alors que leurs attentes étaient fortes. La prime d’attractivité est loin d’être satisfaisante en termes de montant et de forme (indemnitaire et non indiciaire) et discriminante car laissant de très nombreux-ses collègues sans perspective d’augmentation.

La COVID a permis de repousser très loin les limites de l’acceptabilité alors que les réformes austéritaires et managériales se poursuivent… Depuis de nombreuses années les services publics en général et l’éducation en particulier sont remis en cause, attaqués et soumis à des régimes de plus en plus austéritaires. La cure continue dans le monde de l’éducation avec toujours la même constante : faire toujours plus avec toujours moins ! Pour répondre à ce dogme, le ministre avance sans cesse ses pions et poursuit son délire managérial : transformation du rôle du directeur d’école primaire en supérieur hiérarchique, auto-évaluation des établissements du secondaire…

Actuellement l’Éducation prioritaire, laboratoire managérial, expérimente des formes de gestion qui pourraient rapidement se généraliser : postes à profils, contractualisation de moyens suivant la validation de projets d’établissements en REP, part modulable de la prime REP+ attribuée suivant des objectifs fixés par la hiérarchie… En déplacement à Marseille, le Président de la république s’est livré à une véritable provocation en reprenant à son compte les refrains libéraux de transformation de l’école primaire. Loin du nécessaire plan d’investissement attendu dans le bâti pour la rénovation d’écoles marseillaises délabrées, Emmanuel Macron entend donc dénaturer profondément le fonctionnement actuel de l’école publique. Ainsi les enseignantes et enseignants des quartiers difficiles de Marseille ne seraient pas « motivés » et devraient être « recrutés » par les directeurs d’école ! Le fonctionnement de l’école a besoin de directrices et directeurs dont les tâches sont allégées et recentrées sur l’animation et la coordination de l’équipe pédagogique, d’aide administrative et de temps de décharge suffisant. Cette annonce présidentielle opportuniste lance de la plus mauvaise des façons le débat sur l’école dans la campagne présidentielle. Elle coïncide également avec le
second passage au parlement programmé en septembre de la proposition de loi Rilhac, téléguidée par le ministère et largement rejetée par la profession enseignante.

Pour revenir à l’ordre du jour de ce CDEN, à savoir la carte scolaire, le nombre de postes resté vacants à l’issue du mouvement définitif ne semble pas inquiéter notre hiérarchie, pourtant nos collègues (directeurs-trices, CPC, ULIS, enseignants référents, PsyEN…) déplorent des conditions de travail extrêmement dégradées et aucune prise en compte des difficultés qu’ils rencontrent sur le terrain ! Oui, nous le réaffirmons, haut et fort : Il y a du mépris et un manque de reconnaissance envers le personnel qui tient à bout de bras « notre école » au détriment de leur santé, mais pour combien de temps encore !!!

Malgré cette crise sans précédent et l’état de fatigue et de lassitude extrême des personnel, il est toujours hors de question de créer des postes à hauteur des besoins et d’augmenter de manière générale les salaires ! Le point d’indice est gelé depuis des années et la dite « revalorisation » présentée par Blanquer n’est qu’une vaste mascarade qui touchera une minorité de collègues ! En ce qui concerne les élèves, grandes victimes de cette crise, le ministère poursuit sa politique d’«évaluationnite » aiguë dès le plus jeune âge jusqu’au bac : l’école émancipatrice est tellement loin…

Et comme si cela ne suffisait pas le ministère poursuit sa croisade idéologique contre les pauvres et les dominé-es : sous prétexte de campagne pour promouvoir la laïcité il met en scène une série de clichés racistes et colonialistes. La guerre aux pauvres se poursuit également dans la communication lorsque Blanquer évoque l’allocation de rentrée scolaire : la macronie n’hésitant pas à jeter la suspicion sur les allocataires susceptibles de se servir de cet argent pour s’équiper d’écran plats. Il est urgent de rassurer nos collègues notamment par des mesures concrètes afin que Monsieur le Ministre de l’Éducation nationale ne soit pas le seul à être serein.

La FSU mobilisera les personnels pour mettre en échec la politique macroniste de destruction des services publics de ce gouvernement ainsi que la politique de destruction massive de l’École orchestrée par Jean-Michel Blanquer.

La grève du 23 septembre en sera une occasion et permettra également de poser la nécessité d’un tout autre projet pour le service public d’éducation.