Les représentants FSU ont siégé le mardi 26 novembre au CSA et le jeudi 28 novembre au CDEN. Ces deux instances portaient sur le bilan de rentrée et ont permis de faire un état des lieux de l’Education dans notre département. La situation est très inquiétante. Plus que jamais la FSU appelle à rejoindre la mobilisation du jeudi 5 décembre pour défendre nos services publics. Retrouvez dans cet article notre compte-rendu et nos déclarations préalables.
C’est lors du CSA et du CDEN bilan de rentrée que la Directrice Académique présente l’ensemble des chiffres relatifs à l’Education dans le département : effectifs, effectifs moyens par classe, nombre de divisions, nombre de dispositifs ULIS et UPE2A, DGH initiales et finales, carte des formations. Ces chiffres sont éloquents et montrent avec précision combien la situation du service public d’éducation est dégradée à tous points de vue, tant dans le 1er degré que dans le 2nd degré. L’Essonne connaît une évolution spécifique puisqu’elle est un des rares départements en France dont la démographie scolaire est en hausse : on constate en effet, pour le 1er degré 185 élèves supplémentaires et pour le 2nd degré 922 élèves supplémentaires. Cette hausse démographique entre en tension avec le bâti scolaire qui se trouve saturé et peine à accueillir tous les élèves dans de bonnes conditions. Cette hausse démographique pèse aussi sur les climats scolaires : plus le public accueilli est nombreux, plus le bâti est saturé, plus le climat se dégrade, surtout si les écoles et les établissements manquent de moyens humains pour encadrer les élèves et prévenir la violence.
Focus sur le premier degré :
Si on en croit le diaporama projeté et commenté par la Directrice Académique lors des deux instances, tout va bien dans les écoles de l’Essonne : pour faire face à la hausse démographique, l’Essonne a disposé de 125 ETP supplémentaires ; le taux d’encadrement augmente et l’effectif moyen par classe baisse. Et pourtant, les remontées du terrain sont inquiétantes par leur nombre et catastrophiques par leur gravité. Ces chiffres doivent donc être mis en perspective avec les conditions de travail des collègues qui ne cessent de lancer des appels désespérés à l’Administration, en vain.
Difficile donc de croire que tout va bien dans le 1er degré, quand on sait qu’il manque un nombre colossal de remplaçants et qu’à la moindre absence les écoles se trouvent profondément désorganisées car contraintes de répartir les élèves sans professeur dans toutes les autres classes. Aucun graphique n’est projeté sur ce point, si bien que les chiffres présentés deviennent mensongers parce qu’ils gomment une réalité qui occupe pourtant une place importante dans le quotidien de nos collègues et une charge mentale indéniable dans leurs têtes.
Difficile par ailleurs de croire que tout va bien dans le 1er degré, quand on sait que sont faits, de façon quasi quotidienne, des signalements sur les grandes difficultés que rencontrent les personnels pour accueillir des élèves à besoins éducatifs particuliers et dont le comportement est très éruptif. Sur ces questions, la Directrice Académique refuse de parler des conditions de travail parce qu’elle estime que ce n’est pas l’instance dédiée. A la demande de plusieurs organisations syndicales en questions diverses, elle présente tout de même les chiffres relatifs à l’ASH. Dans l’Essonne, les élèves en situation de handicap sont en constante augmentation, ce qui témoigne d’une volonté institutionnelle de rendre l’école de plus en plus inclusive, mais cette évolution ne s’accompagne pas malheureusement de moyens humains supplémentaires et de formation. Dans l’Essonne, tous degrés confondus, on compte 11 183 élèves en situation de handicap. Parmi eux, 9 294 élèves bénéficient d’une notification d’accompagnement humain. Parmi eux, seuls 7 410 sont réellement accompagnés par une AESH. La Directrice Académique n’a pas été en mesure de répondre aux représentants FSU quand ils l’ont interrogée sur la proportion d’élèves non accompagnés dans le 1er degré. Mais on sait par ailleurs que les notifications d’accompagnement sont bien plus importantes dans le 1er que dans le 2nd degré. Il y a donc fort à parier que les écoles souffrent beaucoup de cette carence dans la mesure où plus l’élève est petit, moins il est autonome, et plus l’accompagnement est primordial.
Focus sur le second degré :
Cette rentrée a été particulièrement chaotique parce qu’au collège, elle correspond à la mise en place de la réforme très contestée du Choc des Savoirs. Après la lecture des déclarations préalables des différentes organisations syndicales qui font toutes état du scandale que représentent les groupes de niveaux, la Directrice Académique a souhaité rappeler qu’elle avait laissé toute souplesse aux équipes pour mettre en place ces groupes comme bon leur semblait et qu’elle faisait une entière confiance aux experts que sont les enseignants en matière d’organisation pédagogique. Les représentants FSU se sont étonnés et indignés de tels propos, compte tenu des tensions particulièrement fortes qui avaient émergé et qui existaient encore dans de nombreux établissements où les enseignants avaient été contraints, contre leur volonté, de mettre en place les groupes de niveaux. En témoignent le collège Roland Garros à St Germain-lès-Arpajon, où l’équipe de lettres a reçu en fin d’année dernière la visite d’une IPR chargée de faire appliquer les textes, et le collège Mondétour aux Ulis, où l’équipe de mathématiques est en grande souffrance et en conflit sur ce sujet avec la Direction. Des deux exemples ne sont pas isolés. Que signifient alors les paroles de la Directrice Académique ? Dans le contexte actuel, après la décision d’annulation par le Conseil d’Etat des groupes de niveaux pour la rentrée 2025-2026, ces paroles sonnent comme un aveu de faiblesse.
Cette rentrée est aussi, dans le second degré, une rentrée catastrophique pour beaucoup d’élèves qui, une nouvelle fois, se sont retrouvés sans affectation à la rentrée. Jamais la Direction Académique n’a daigné communiquer le nombre exact de ces élèves. A chaque question de la FSU 91, des autres organisations syndicales ou bien des fédérations de parents d’élèves, nous obtenions une fin de non-recevoir. Ce n’est que le jeudi 28 novembre, lors du CDEN présidé par Mme la Préfète, que le chiffre est sorti : 616 élèves étaient sans affectation au premier tour d’Affelnet au mois de juin dernier. Ces centaines d’élèves demandaient soit une 2nde GT, soit une 2nde professionnelle, soit une 1ère STMG. A ce jour, la Directrice Académique a assuré que tous les sortants de 3ème bénéficiaient d’une affectation, mais n’a pas communiqué le chiffre des élèves restant encore à affecter dans la voie professionnelle et la voie technologique. Elle n’a pas non plus communiqué sur la question posée par la FSU sur les élèves sortant d’un dispositif UPE2A lycée qui n’ont toujours pas d’affectation ni sur les élèves allophones arrivés récemment en France qui se démènent avec leur famille pour trouver une place dans un établissement scolaire, avec l’appui de RESF. Elle a, en revanche, longuement communiqué sans vergogne sur la possibilité qui était maintenant accordée à l’Essonne de financer, grâce à une convention, l’inscription d’élèves dans des lycées privés. Faute de places en nombre suffisant dans le public, l’Education Nationale a en effet obtenu 25 places réparties dans trois lycées privés sous contrat : le lycée Saint Martin à Palaiseau, le lycée Saint Léon à Corbeil, le lycée Saint Pierre à Brunoy. Seuls 10 élèves essonniens bénéficient pour le moment de ces places, mais le principe pourrait être reconduit encore quelques années, compte tenu des difficultés pour affecter tous les élèves dans le département. Quand la FSU a jugé cette situation comme un échec du service public, la Directrice Académique a réagi vivement en se réjouissant d’une telle possibilité. Mais où va-t-on ?
Les chiffres donnés sur les lycées sont éloquents et montrent combien la situation est alarmante : si on compare les prévisions établies par la DSDEN en février 2024 (+ 824 élèves en lycée pour la rentrée) avec les constats faits par la DSDEN en octobre 2024 (+ 411 élèves réellement inscrits), on peut lire un écart significatif de 413 places qui avaient été financées, mais qui ne sont pas occupées. Le problème ne tient donc pas seulement au nombre de divisions ouvertes et au bâti scolaire puisqu’il reste des places, mais tient davantage aux vœux des familles et des élèves qui ne correspondent pas à la carte des formations choisie pour le département. L’Essonne a le plus faible taux de passage en 2nde GT de l’Académie de Versailles (66,9%) et c’est notre département qui oriente le plus en 1ère STMG. Ces chiffres peuvent être analysés de beaucoup de façons différentes, mais ils disent surtout que notre département accueille un public fragile et contrasté et qu’en aucun cas une gestion de flux qui consiste à forcer les orientations ne pourra aider à résoudre ces inégalités scolaires de plus en plus creusées. Et ce n’est pas le Choc des Savoirs qui viendra arranger les choses ! En réalité, la FSU 91 constate qu’aucune politique n’est réellement menée sur ces questions et que la Direction Académique attend toujours le dernier moment pour parer au plus urgent, alors qu’il suffirait d’anticiper les difficultés constatées dès janvier, au moment des instances sur les structures et les DGH.
La rentrée dans le second degré est aussi marquée par une augmentation des dispositifs de l’école inclusive. Concernant les dispositifs UPE2A, un tableau a été projeté que nous pouvons difficilement reproduire ici. Retenons que dans notre département, on compte au total 312 dispositifs : 243 écoles couvertes (pour 1139 élèves), 47 dispositifs collège (pour 635 élèves et 67 en attente), 22 dispositifs lycée (pour 418 élèves et 35 en attente). En tout état de cause, ce sujet reste tabou pour la DSDEN qui refuse de s’engager en instance sur ce terrain politique. La FSU 91 s’engage à poursuivre ce travail avec les enseignants des dispositifs lors de la formation qu’elle organise le jeudi 16 janvier prochain (inscriptions possibles jusqu’au 16 décembre : cliquez ici).
Concernant les dispositifs ULIS, la FSU 91 a constaté avec un grand désarroi que le texte réglementaire qui définit les effectifs des dispositifs ULIS en collège et en lycée n’est pas respecté. A son initiative, un vœu a donc été présenté et voté à l’unanimité, que vous trouverez ci-dessous. Ce vœu fait suite à la formation syndicale du jeudi 21 novembre, qui a réuni les coordos ULIS 2nd degré du département et dont vous trouverez un compte-rendu ici.
Vœu CSA bilan de rentrée
Les représentants des personnels au CSA-SD 91 ont constaté, lors du bilan de rentrée, que les effectifs des dispositifs ULIS en collège et en lycée s’élèvent quasiment toujours à 12 élèves ou plus. Or la circulaire n° 2015-129 du 21-8-2015 stipule que dans le 2nd degré :
« Le nombre d’élèves qui bénéficient du dispositif au titre d’une Ulis collège ou lycée ne dépasse pas dix. Cependant, dans certains cas, l’inspecteur d’académie-directeur académique des services de l’éducation nationale (IA-Dasen) peut décider de limiter l’effectif d’une Ulis donnée à un nombre sensiblement inférieur si le projet pédagogique ou si les restrictions d’autonomie des élèves qui y sont inscrits le justifient. Il peut également augmenter l’effectif d’une Ulis donnée si la mise en œuvre des PPS des élèves le permet. »
Dans ces conditions, les organisations syndicales demandent que la faisabilité de la mise en œuvre des PPS soit évaluée dans tous les dispositifs qui dépassent l’effectif de 10 élèves. Elles demandent également l’ouverture de dispositifs supplémentaires quand la mise en œuvre des PPS au-delà de 10 élèves s’avère impossible.
Bâti scolaire :
Enfin parce que le bilan de rentrée est aussi marqué dans le 2nd degré par l’action néfaste des collectivités territoriales sur le budget et sur le bâti scolaire, un autre vœu a été présenté en CSA et en CDEN. La F3SCT avait déjà alerté l’Inspectrice Santé et Sécurité au Travail (ISST) de l’Académie de Versailles, le 7 novembre dernier, sur l’urgence que représentait la situation du collège Jean Lurçat à Ris-Orangis qui connaît des dysfonctionnements et des dégradations qui mettent en danger les personnels et l’ensemble de la communauté éducative. Puisque la F3SCT émane du CSA, depuis la fusion des instances imposée par la loi de transformation de la fonction publique, les organisations syndicales ont souhaité voté à l’unanimité, en CSA, un vœu demandant la visite en urgence de l’ISST. Le mardi 26 novembre, Jérôme Bérenger, vice-président du CD en charge des collèges, s’est déplacé dans l’établissement et a promis des travaux dans les meilleurs délais. C’est pourquoi, un nouveau vœu a été voté en CDEN le jeudi 28 novembre, par les représentants des personnels et des parents d’élèves, pour que ces travaux soient réellement engagés sans délai. Ce vœu doit s’appliquer à tous les collèges qui ont ou auront des travaux. Le Conseil Départemental, absent au CDEN, doit cesser de laisser pourrir les établissements dont il a la charge !