A chaque fin d’année scolaire, la FSU 91 demande une audience à M. BERENGER, vice-président du Conseil Départemental de l’Essonne en charge des collèges, pour faire le point et échanger sur tous les sujets dont le CD a la compétence : bâti scolaire, équipement numérique des collégiens, travaux, entretien et maintenance des collèges. Autant de sujets qui restent éminemment problématiques dans notre département. Découvrez dans cet article le compte-rendu de cette audience qui s’est tenue le 27 juin à 17h30.

Etaient présents à cette audience les quatre membres FSU qui siègent au CDEN pour les questions relatives au 2nd degré : Yelena SUSIC, Patrice ALLIO, Axel BONY et Fanny VELER. La délégation FSU a été reçue par M. BERENGER et trois membres de son équipe. L’audience a duré environ 2h et ce temps d’échanges a permis de mettre en lumière un certain nombre de difficultés que le Conseil Départemental peine à prendre en charge :

  • Travaux et construction des futurs collèges :

L’Essonne verra apparaître un 101e collège à la rentrée 2024 : il s’agit du collège Claudine Hermann à Massy. Cet établissement permettra, après le travail de resectorisation présenté au CDEN en novembre dernier, de désengorger un certain nombre de collèges ayant déjà atteint leur saturation bâtimentaire dans le Nord du Département, et en particulier à Palaiseau. Si la FSU salue l’arrivée de ce nouvel établissement, elle déplore malgré tout que ses mises en garde concernant l’accessibilité du bâti pour les personnels à mobilité réduite n’aient pas été prises en compte. L’audience de juillet 2022 avait été l’occasion de réclamer que soient construites des salles de plain pied dans les futurs nouveaux collèges, pour éviter aux personnels en situation de handicap d’être dépendants d’un ascenseur parfois en panne et pour leur permettre d’assurer leur mission à part entière (accompagnement des élèves en cas d’alerte incendie ou après une récréation). Aux dires du Conseil Départemental, il semblerait que le collège Claudine Hermann ne réponde pas à cette demande, pourtant essentielle pour que notre école soit pleinement inclusive.

Les discussions autour des futurs collèges ne sont par ailleurs pas très réjouissantes. Le Conseil Départemental reconnaît en effet une lourdeur dans les procédures et fait état d’une crise de recrutement sur des postes spécifiques dans la conduite des travaux. Toutes ces difficultés empêchent de tenir les délais annoncés initialement. Les collèges de Wissous et Fleury verront donc le jour avec un an de retard, respectivement en septembre 2026 et septembre 2027. Les collèges de Viry-Châtillon, Corbeil-Essonnes, Gif/Yvette, Vigneux/Seine et Sénart – qui devaient venir après – ne sont donc pas prêts de sortir de terre.

  • Maintenance et réparations dans les 100 collèges :

Cette procrastination touche aussi la maintenance et les réparations. La FSU a donné plusieurs exemples de collèges qui attendent longtemps impuissants avec un portail d’entrée cassé (comme au collège Roland Garros à Saint-Germain-lès-Arpajon) ou bien des fuites par temps de pluie (comme au collège Paul Fort à Montlhéry). Dans le contexte de saturation bâtimentaire que nous connaissons dans le département, on attend du propriétaire des établissements des efforts conséquents pour prendre en charge les réparations et la maintenance des locaux et des équipements. Plus on accueille de public, plus le risque d’usure ou de casse est grand ; mais pour faire face à ces difficultés, le Conseil Départemental n’embauche aucun personnel supplémentaire.

Ce problème est d’autant plus scandaleux quand il porte atteinte à la pédagogie de certaines disciplines et donc au principe d’équité entre tous les élèves d’un même territoire. De ce point de vue, la FSU a donné aussi plusieurs exemples : au collège Saint-Exupéry à Marolles-en-Hurepoix, on attend toujours la réparation de l’équipement sportif ; au collège Louise Michel à Corbeil-Essonnes, on a besoin d’une réparation importante du panneau de basket qui permettrait aux élèves de pratiquer à nouveau un sport proposé en section sportive au lycée Doisneau. Sur ces points, le SNEP-FSU 91 a réitéré ces revendications de vigilance accrue à l’égard des équipements sportifs : le sport scolaire est un profond vecteur d’égalité et doit pouvoir être pratiqué dans de bonnes conditions, quel que soit le collège.

  • Ouverture des dispositifs ULIS :

Cette vigilance sur les équipements et le bâti doit s’exercer aussi sur les publics les plus fragiles. Chaque année, la Direction Académique ouvre plusieurs dispositifs ULIS dans les établissements du département ; chaque année, le Conseil Départemental doit donc aménager et équiper une nouvelle salle dédiée à l’accueil des élèves en situation de handicap bénéficiant du dispositif. A la rentrée prochaine, deux dispositifs ULIS collège ouvriront au collège Senghor à Corbeil-Essonnes et au collège Jean Monnet à Briis-sous-Forges. Et pourtant, les salles de ces dispositifs ne seront pas prêtes en septembre, à l’arrivée des élèves.

La faute aux délais de fabrication et de livraison, mais aussi au manque d’anticipation et de communication. Si chaque année, en février, au moment où la DSDEN a connaissance de l’ouverture des dispositifs, le Conseil Départemental était saisi pour passer les commandes à partir d’un document type comportant toutes les précisions nécessaires, tous les dispositifs pourraient ouvrir dans des conditions décentes à la rentrée suivante. La FSU a exigé une clarification des procédures et la construction du dit document pour répondre aux besoins des élèves accueillis et du métier de coordonnateur ULIS.  En attendant, le dispositif ULIS du collège Senghor ouvrira en septembre sans tables, ni chaises, ni bureau.

  • Conditions de travail des agents d’entretien :

Le Conseil Départemental n’est pas plus respectueux du bâti que des personnels qu’il emploie. En témoignent les retours que les agents d’entretien des collèges font à la FSU 91 des conditions de travail qu’ils connaissent et de l’impact de ces conditions sur leur santé. A force de faire des gestes répétitifs, beaucoup d’entre eux déclarent une maladie professionnelle qui conduit l’employeur à les reconnaître inaptes. Cette première donnée inquiète la FSU : si un métier dégrade autant la santé des gens, il y a urgence à mettre en place des politiques de prévention qui protègent les agents et leur permettent d’aménager leur poste.

Quand un fonctionnaire est déclaré inapte, il faut le reclasser sur un autre poste après une année de formation. La FSU 91 a alerté le Conseil Départemental sur ses pratiques : on exercerait des pressions sur les agents pour les pousser à démissionner et ainsi éviter d’avoir à faire trop de reclassements. Face à ces attaques, le Conseil Départemental a nié catégoriquement et s’étonne que de tels agissements puissent lui être prêtés. Des témoignages existent pourtant et doivent nous inquiéter : tout agent doit pouvoir être reclassé sur un autre poste de fonctionnaire. La FSU 91 invite tous les agents qui s’apprêtent à signer leur Période Préparatoire au Reclassement (PPR) à contacter la section départementale à l’adresse fsu91@fsu.fr, pour qu’un accompagnement syndical leur soit proposé au cours de cette période.

  • Laïcité :

Le dernier point abordé lors de cette audience concernait une réunion dont le Conseil Départemental a fait un court compte-rendu dans le journal Essonne & vous (n°48) et pour laquelle la FSU 91 avait publié un bref article en avril dernier, que vous pouvez relire en cliquant ici. La dite réunion s’est tenue le 15 janvier 2024 et a réuni les représentants des différentes communautés religieuses et des représentants des services de la Préfecture et de l’Education Nationale. La FSU s’était étonnée que le Conseil Départemental envisage de mettre en place des modules sur le « fait religieux » dans les collèges et lycées de l’Essonne et a tenu à nouveau à informer le Conseil Départemental que les religions et les faits religieux sont déjà abordés pendant la scolarité, essentiellement dans les programmes d’histoire, de l’école primaire à la terminale.

M. BERENGER a d’abord souligné son absence à cette réunion, qui a été organisée par M. TOUZET, vice-président du Conseil Départemental en charge de la citoyenneté, mais a précisé ensuite qu’il n’était pas opposé à être un appui aux missions des enseignants. La FSU 91 a alors rappelé que comme pour tout sujet qui peut prêter à discussion dans la société, les enseignants veillent à traiter ces questions avec la neutralité inhérente à leur fonction, et en en montrant tous les aspects possibles, en fonction de l’âge des élèves. C’est pour cela qu’il n’est pas souhaitable que les collectivités territoriales interviennent sur les contenus des enseignements : le risque serait de remettre en cause l’indivisibilité de la République, avec des programmes différents suivant les lieux d’habitation des élèves. Par ailleurs la FSU 91 s’inquiète de savoir qui interviendrait auprès des élèves dans les établissements pour encadrer ces modules : il n’est pas envisageable d’envoyer des personnes faire des interventions en direction des élèves sur les faits religieux, sans que leur statut ne les oblige à la neutralité. Il en va du respect de la laïcité dans les établissements scolaires.