La FSU 91, avec les autres organisations syndicales représentatives, a refusé d’étudier les documents sur les moyens pour le 91 en assistance éducative, au GT CSA qui s’est tenu le mardi 4 juin. Ce refus faisait suite au vote unanime contre des représentants au CSA académique. Dans l’attente d’un nouveau CSA académique le 18 juin, une large intersyndicale avec les parents d’élèves, exige des moyens supplémentaires pour l’Essonne. Le jeudi 6 juin, a eu lieu un rassemblement à 10h30 à Evry. Devant l’inertie de la DSDEN, une audience avait été demandée à la Préfète pour alerter les services de l’Etat sur la situation des climats scolaires dans notre département. Cette audience s’est tenue pendant le rassemblement. Découvrez dans cet article notre compte-rendu.
Etaient présents à cette audience la FSU 91, la CGT Education 91, le SNALC académique et la FCPE 91. Face aux représentants des personnels et des parents, le directeur de cabinet adjoint de la Préfète accompagné de Mme MEYNENT, directrice académique adjointe, et M. GOUSSET, conseiller technique Etablissements et Vies Scolaires de la directrice académique.
L’audience a débuté sur une présentation précise de la situation dans le département, que nous estimons extrêmement préoccupante et qui justifie pleinement notre demande d’audience. L’Essonne connaît tout d’abord une hausse démographique très forte, que nous n’observons pas dans les autres départements, et pourtant, depuis de nombreuses années, aucun moyen supplémentaire ne lui est donné pour les postes des personnels non-enseignants. Cette indifférence totale à la démographie scolaire et au climat des établissements est proprement inacceptable et n’a que trop durer. Si l’Essonne est cette année dotée de trois ETP (équivalents temps plein) supplémentaires, c’est parce qu’elle ouvre un nouveau collège à la rentrée à Massy. A cette pression démographique s’ajoute un triste record : celui du nombre de rixes entre jeunes. Le 16 novembre dernier, la préfecture de l’Essonne avait d’ailleurs organisé une réunion avec des représentants des personnels d’éducation, des parents d’élèves, de la justice, de la police, de la gendarmerie, du conseil départemental et de la DSDEN. Le bilan de cette réunion était fort inquiétant : le procureur et les forces de l’ordre s’alarmaient de la gravité des affrontements et des blessures que des mineurs s’infligeaient ; tous alertaient sur la nécessité que l’école puisse être un lieu de refuge et de prévention, capable de renverser et de déconstruire cette culture de la violence dont personne ne parvient encore à analyser les causes profondes ; à ces maux, la directrice académique répondait que l’école faisait son travail en envoyant en aide aux établissements le C2A2E et en proposant des formations, mais certainement pas des moyens supplémentaires. Ce n’est pourtant qu’avec davantage d’adultes qu’on peut mieux encadrer et accompagner nos jeunes, en particulier dans un contexte de saturation bâtimentaire qui dégrade considérablement l’accueil dans les établissements scolaires.
Le CHSCT de l’Essonne a réalisé, il y a deux ans, une enquête sur les conditions de travail des AED dans les établissements scolaires du département, qui a montré combien ces conditions étaient dégradées en partie par l’insuffisance des moyens accordés. C’est sur ce point que les représentants des personnels ont insisté lors de l’audience. Les dotations théoriques des établissements sont calculées à partir de critères qui définissent un nombre d’ETP à attribuer à chaque collège et à chaque lycée. Sur cette question, le problème est double : d’une part, l’immense majorité des établissements voient leur dotation inférieure au barème calculé par le Rectorat ; d’autre part, les critères qui permettent de définir ce barème ne sont ni suffisants ni pertinents pour le définir en toute objectivité. Comment notre employeur peut-il accepter de sous-doter ouvertement les établissements ? Comment peut-il par ailleurs se satisfaire d’un barème si peu représentatif de la réalité du terrain ? Les dotations théoriques ne prennent pas en compte la situation bâtimentaire de l’établissement : un collège organisé sur plusieurs bâtiments est doté de la même façon qu’un autre dont l’activité se concentre sur un seul bâtiment ; la surface à surveiller n’est pourtant pas la même. De la même manière, les dotations théoriques ne prennent pas en compte la situation géographique de l’établissement, qui peut s’avérer très problématique, notamment en lycée, si des jeunes issus de plusieurs quartiers rivaux ou ou de plusieurs communes rivales sont amenés à se croiser : sur de tels établissements, le travail des AED n’est pourtant pas le même qu’ailleurs. Enfin, dernier exemple, les dotations théoriques ne prennent pas en compte les besoins en assistance éducative sur les moments de forte tension (entrées et sorties, demi-pension) : c’est pourtant ces moments-là qui doivent servir de référence dans le calcul des barèmes attribués aux établissements ; on ne pourra bien encadrer les élèves sur l’ensemble de la journée qu’en s’intéressant aux tâches les plus exigeantes que les assistants d’éducation doivent réaliser au cours de cette journée.
L’audience a donc mis en lumière l’importance des assistants d’éducation dans les établissements scolaires. Ils sont une véritable interface, dont chaque collège et chaque lycée doivent pouvoir profiter pour penser l’accompagner des élèves, pour organiser la lutte contre le harcèlement, pour apaiser les climats scolaires, pour favoriser l’inclusion. Les assistants d’éducation sont au plus près des élèves et peuvent donc jouer un rôle de lanceurs d’alerte. En négligeant ces personnels dans les établissements du département, en refusant de doter davantage les établissements en moyens humains, l’Etat assume de détruire le service public d’éducation et participe activement à la dégradation des vies scolaires et de l’accueil des élèves.
Pour toutes ces raisons, la FSU 91 – avec la CGT Education 91, le SNALC académique et la FCPE 91 – a exigé que l’enveloppe des moyens AED pour l’Essonne soit augmentée par le Ministère avant le CSA académique qui aura lieu le 18 juin prochain. C’est bien au Ministère que la Préfète devra transmettre nos revendications. En aucune façon, nous n’accepterions que les moyens actuels soient redéployés entre les départements de l’Académie. Partout, ils sont insuffisants et il n’est pas question de déshabiller les uns pour rhabiller les autres. La FSU 91 continuera de défendre sans relâche une école publique, inclusive et émancipatrice : il est urgent que le Ministère l’entende et réponde aux besoins de notre département.