Déclaration préalable – FSU 91
Monsieur le Directeur Académique,
Mesdames Messieurs les membres du CHSCTD,
Le premier conseil supérieur de l’éducation s’est tenu il y a trois jours, en présence de Pap Ndiaye, notre nouveau ministre. Un moment fort attendu qui fait suite aux élections présidentielles et aux élections législatives. Un moment fort attendu qui vient clore une année une fois de plus extrêmement éprouvante pour les personnels, qui tiennent à bout de bras une École que plus personne ne reconnaît tant elle a été fragilisée. On attendait de ce moment une véritable rupture avec le ministère Blanquer, on peut visiblement toujours attendre. Si Pap Ndiaye semble vouloir être davantage à l’écoute de la profession, il n’en demeure pas moins sur la même ligne politique que son prédécesseur et ne répond rien. Rien sur la revalorisation salariale. Rien sur la nécessité absolue de redonner de l’attractivité aux métiers de l’éducation. Cette absence de réponses concrètes ne peut que nous faire grincer des dents, à nous qui connaissons à l’échelle départementale la même indifférence face aux immenses difficultés exprimées chaque jour par nos collègues sur nos boîtes mail, sur les registres SST et DGI, et en instance quand nous portons de toutes nos forces leur parole. Qu’attendez-vous ?
Les dégâts laissés par cette pandémie vont bien au-delà du simple virus ! Les professeur-es, dans leur grande majorité, se sont énormément investi-es pour assurer leurs missions d’enseignement. Leur conscience professionnelle n’est pourtant pas reconnue. La surcharge de travail induite par la gestion chaotique de cette crise par le Ministère, la gestion de la pénurie, le manque de moyens et notamment de remplacement pourtant prévisible, ont généré une dégradation profonde des conditions de travail de toutes et tous. Chacune et chacun ont appris à s’habituer à accepter l’inacceptable. Ces nouvelles conditions de travail ne peuvent s’installer de façon durable. Devons-nous désormais nous contraindre à faire du travail une souffrance quotidienne ? Face à nos collègues épuisé.es, désabusé.es ou excédé.es, qu’attendez-vous pour leur témoigner votre soutien ? Qu’attendez-vous pour leur apporter des solutions d’amélioration ?
Dans le 1er degré, les situations s’accumulent et se ressemblent, laissant les enseignant.es dans un immense désarroi. Nous en citerons ici quelques-unes en guise d’exemples, pour vous rappeler solennellement qu’il est urgent et impératif de sortir du déni et de les prendre en charge. Que dites-vous aux directrices et directeurs, déjà en détresse, qui voient leur décharge attribuée à des M2 qu’ils vont devoir former et accompagner quotidiennement ? Que dites-vous à nos collègues confronté.es, chaque jour un peu plus, à la gestion impossible d’élèves incontrôlables dont les registres SST font état ? Que dites-vous à celles et ceux sans cesse remis en cause par les parents d’élèves, à celles et ceux qui assurent leur service dans des classes dédoublées et qui pourtant subissent des pressions pour accueillir les élèves des classes sans remplaçant, à celles et ceux obligé.es de travailler en co-intervention par manque de locaux ? Dans le 2nd degré, que dites- vous aux personnels confrontés une fois de plus à une organisation chaotique du baccalauréat : conditions de corrections dégradées, convocations multiples, éloignées et dans des délais inacceptables, bidouillage institutionnalisé des notes sans aucun respect pour le travail des évaluateurs…
En tant que représentants des personnels au CHSCT, nous sommes aux premières loges de ce spectacle désastreux. Nous constatons avec effroi que les conditions de travail se dégradent tant qu’elles poussent toujours plus de collègues à demander des disponibilités, des reconversions, des ruptures conventionnelles ou des démissions pures et simples ! La crise de recrutement s’explique en partie par la pénibilité du métier, pénibilité que personne en haut lieu ne reconnaît, alors même que l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité, protéger la santé physique et mentale des travailleurs et tendre à l’amélioration des situations existantes. Au lieu de soigner les gens au travail, on les pousse vers la sortie, et on résout la crise avec un job dating. L’organisation du travail doit être adaptée à la situation, ce n’est pas au travailleur de s’adapter à l’organisation et d’en subir les conséquences. La prévention des risques doit être réalisée dans le cadre du décret 82-453 et la mise à jour des DUERP. Qu’attendez-vous donc pour évaluer ces risques et organiser le travail en fonction de ces risques ? C’est toute la communauté éducative qui est touchée par cette situation catastrophique. Dans le 2nd degré, certains établissements exigent toute votre vigilance et appellent au secours, des collectifs entiers vous interpellent depuis de nombreux mois pour vous implorer de les aider à retrouver une véritable sérénité au travail. Puisque la FSU ne peut plus se contenter d’attendre, elle vous transmet aujourd’hui trois préavis de grève pour le lundi 5 septembre qui couvrent l’ensemble des personnels du lycée Tesla à Dourdan, du collège Le Village à Évry et du collège Les Goussons à Gif-sur-Yvette. Nos collègues, tous corps confondus, sont en danger et c’est un devoir pour nous que de vous alerter. C’est aussi un devoir pour vous de leur répondre pour faire cesser le danger majeur auquel ils sont exposés. Qu’attendez-vous ? Toujours dans le 2nd degré, plus récemment, une tentative de suicide sur le lieu de travail vous a été signalée par les représentants CGT et FSU : comment justifiez-vous votre silence après un tel événement ? La FSU vous demande une enquête sur ce fait extrêmement grave qu’il est votre devoir de ne pas ignorer.
Toujours dans le 2nd degré, le dernier CTSD a mis en lumière de façon saillante l’indifférence de l’Administration à l’égard des assistants d’éducation. L’enquête du CHSCTD de l’Essonne sur leurs conditions de travail a montré combien la pénibilité de leur travail était augmentée par l’insuffisance des moyens. À cette enquête, on ne répond rien : aucune augmentation de l’enveloppe académique, aucune augmentation de l’enveloppe départementale. Et comble de l’absurde, on apprend que le fameux barème académique qui justifie la distribution des quelques miettes dont on dispose est construit en fonction des constats et non des prévisions ! Quelle cruelle démonstration de l’absence totale de prévention au travail dans notre département ! Alors qu’attendons-nous ? L’accident ? Quel employeur est capable, en toute connaissance de cause, de faire souffrir ainsi ses personnels ? L’avis voté à l’unanimité par l’ensemble des organisations syndicales après l’enquête du CHSCT fait peser sur l’Administration une lourde responsabilité : plus personne ne peut ignorer la difficulté des conditions d’exercice des assistants d’éducation des collèges et lycées du département ; plus personne ne peut ignorer non plus que les dotations sont justifiées par un barème académique complètement déconnecté des réalités du terrain.
S’agissant enfin de l’ordre du jour qui nous occupe aujourd’hui, la FSU souhaite témoigner, avant d’entendre la parole de nos collègues invitées, des conditions de travail extrêmement difficiles que les AESH connaissent sur l’ensemble des PIAL du département. Puisqu’il a fallu choisir et qu’il était impossible d’examiner toutes les situations, nous vous proposons ici de retenir ces quelques exemples rencontrés dans l’Essonne. Saviez-vous que les AESH qui partagent leur service entre deux établissements reçoivent des injonctions contradictoires d’un établissement à l’autre ? Saviez-vous qu’elles ne sont pas dotées d’équipement informatique du Conseil Départemental ou de la Région, alors qu’il leur est demandé d’utiliser les outils numériques de communication et de mettre en page des cours pour les élèves ? Saviez-vous qu’en fonction du nombre d’heures exercées dans un établissement, on estime qu’il n’est pas nécessaire de leur faire visiter les locaux, de les présenter aux équipes et même de leur fournir un badge d’entrée ? Nos collègues, particulièrement exposées depuis le début de la crise sanitaire, sont donc peu reconnues, soumises à une précarité financière et statutaire intolérable, et déplacées tels des pions au sein des PIAL pour gérer les manques et répondre aux besoins et aux urgences. Elles nous rapportent pourtant qu’elles sont obligées par le lycée Doisneau de justifier par écrit leur refus de renouvellement de contrat, sous peine d’être considérées comme démissionnaires ! Avons-nous vraiment besoin de justifier que de telles conditions d’emploi ne sont pas décentes ? Avons-nous vraiment besoin de les menacer pour pouvoir obtenir un écrit, qu’elles ne sont pas tenues de produire puisque le texte dit qu’une absence de réponse sous 8 jours vaut refus ? La FSU vous interpelle sur cette question et demande que toutes les attestations rédigées par les employeurs ne les privent pas de droits au chômage dont elles ont grandement besoin.
Nous ne savons comment conclure cette déclaration, tant la situation nous paraît catastrophique. Alors nous vous le répétons, M. le Directeur Académique, nous attendons. Une reconnaissance, du soutien, des réponses dignes d’un véritable service public d’éducation.