Le mois de juin correspond à la période des procédures d’orientation, via Affelnet, pour les élèves de 3ème entrant en lycée et pour les élèves de lycée entrant en voie technologique ou en voie professionnelle. Chaque année depuis trois ans, cette période est devenue particulièrement sensible et anxiogène en Essonne, tant les places sont en nombre insuffisant au regard de la démographie scolaire. La FSU a interrogé la DSDEN, lors des deux derniers CSA (le 27 juin et le 9 juillet), sur l’état des affectations dans le département. Elle vous rend compte dans cet article des difficultés du dialogue social sur cette question éminemment politique.
La rentrée 2023 a montré que l’affectation de tous les élèves en lycée est devenue un problème essonnien. Les lycées du département ne sont désormais plus capables d’accueillir tous les jeunes, soit par manque de places, soit par manque d’anticipation : c’est ainsi que pour faire absorber tous les effectifs, la Direction Académique fraîchement arrivée dans l’Essonne avait imposé que toutes les classes de 2nde GT montent à 36 élèves au détriment des règles de sécurité et des conditions de travail des personnels ; c’est ainsi qu’avaient ouvert tardivement et parfois même au tout dernier moment des 2ndes Avenir d’une part, des 1ères STMG d’autre part. Il suffirait pourtant d’ouvrir davantage de classes, dès janvier, dans les différentes filières professionnelles et technologiques (mais on renvoie la responsabilité au Rectorat dont dépend la carte des formations) et d’ouvrir davantage de divisions en 2nde GT (mais on prétexte que l’enveloppe académique donnée à l’Essonne est insuffisante). Forte de cette douloureuse expérience et des retours alarmants des établissements, la FSU a voulu anticiper sur la rentrée 2024 en exigeant de connaître le nombre d’élèves non affectés à la veille des congés scolaires. En vain.
Par trois reprises, la DSDEN a été interrogée : le 27 juin, lors du CSA assistance éducative et le lendemain de la procédure Affelnet 1 ; le 4 juillet, lors du GT ajustement, jour de la commission d’ajustement où certains dossiers d’élèves sont examinés pour être repêchés ; et le 9 juillet, lors du CSA carte scolaire 1er degré, avant que ne débutent officiellement les vacances. Par trois reprises, la DSDEN a refusé de communiquer sur ce sujet qu’elle reconnaît elle-même comme étant particulièrement problématique. La Directrice Académique et son adjoint justifient leur absence de réponse en arguant qu’il faut être prudent, que les chiffres ne sont jamais stabilisés et évoluent à tout moment, que tout chiffre est susceptible d’être manipulé et mal interprété. La FSU voit davantage dans ce silence une preuve de l’ampleur et de la gravité de la situation. La FSU voit davantage dans ce silence la preuve d’une véritable injustice sociale qu’on veut à tout prix étouffer.
Ce sont en effet les publics les plus fragiles qui sont touchés. La saturation bâtimentaire des établissements du département, la dégradation des climats scolaires et du service public, la crise sanitaire ont creusé des inégalités sociales et scolaires déjà importantes depuis de nombreuses années. Mais ce constat n’a pas conduit à des choix politiques bienveillants et respectueux des jeunes. Au lieu de prendre en charge la difficulté scolaire en élargissant la carte des formations, en finançant des ouvertures de classes, on construit un modèle de lycée élitiste et maltraitant où les élèves sont sous la pression d’une permanente évaluation et on essaie de tordre les projets d’orientation des élèves pour gérer les flux. Cette violence institutionnelle se lit notamment dans les difficultés majeures que rencontrent, cette année, nos élèves scolarisés en lycée dans les dispositifs UPE2A : au 26 juin, c’était près de la moitié de ces élèves allophones qui se trouvaient sans affectation. La FSU 91 et la CGT Education 91 ont dénoncé cette situation scandaleuse dans un communiqué, que vous trouverez ci-dessous :