Depuis décembre 2023, la FSU 91 occupe un siège dans le conseil d’institut de l’IUT d’Evry en tant que personnalité extérieure au titre d’une organisation syndicale représentative des salarié.es. Yelena SUSIC siège dans cette instance qui préside au fonctionnement de l’IUT et qui se réunit environ trois fois par an. Le Conseil d’Institut a été réuni le mercredi 16 octobre 2024. Focus sur un des points à l’ordre du jour.

Le Conseil d’Institut de l’IUT est l’organe délibératif de la structure et a pour mission :

  • d’adopter le budget
  • de coordonner les activités pédagogiques
  • de décider de l’ouverture ou de la fermeture des formations délivrées par les neuf départements de l’IUT
  • de consolider ses relations avec le monde socio-économique.

La séance du mercredi 16 octobre a duré environ trois heures et a traité divers points à l’ordre du jour : présentation de la place de l’IUT dans l’Université Paris Saclay (dont dépend l’Université d’Evry), présentation du budget, présentation du Référentiel d’Equivalences Horaires (REH) pour 2024-2025, validation de la capacité d’accueil, sortie d’inventaire matériel. Certains points nécessitant une connaissance très précise de la structure, nous choisissons ici de ne pas faire un compte-rendu exhaustif de la réunion entière, mais nous souhaitons toutefois attirer l’attention sur un point particulier qui a suscité de longues discussions au sein du Conseil d’Institut, et qui nous semble révélateur de l’état des services publics dans le pays et dans notre département.

Au cours de la séance, le cabinet « Nouvelles marges » est invité à présenter son travail pour l’élaboration du projet stratégique de l’IUT. Il faut comprendre ici que l’IUT, qui connaît une baisse de ses effectifs sur les filières industrielles, va rémunérer des experts chargés d’étudier comment remédier à son déficit d’attractivité. Cette démarche soulève, selon la FSU 91, deux problèmes : tout d’abord, il nous apparaît scandaleux qu’un établissement public, déjà touché par d’importantes restrictions budgétaires, se voie contraint de réserver une part de son budget au développement de son attractivité ; ensuite, une telle démarche suggère que les causes de ce manque d’attractivité ne sont pas inhérentes au système dans lequel s’inscrit cet établissement. A aucun moment, les politiques publiques en matière d’éducation ne sont remises en question, alors même que l’IUT n’échappe pas au désastre des réformes Blanquer. Et il faudrait maintenant payer pour réparer les dégâts que ce ministre et ses successeurs ont causés ?

Cette analyse se construit en réaction à une prise de position du président de l’Université d’Evry, Vincent Bouhier, qui justifiait et valorisait une telle démarche en arguant que l’IUT doit faire face à une importante baisse démographique et qu’il lui faut trouver des ressources capables de surmonter cette baisse. La FSU 91, qui siège dans les instances départementales de l’Education Nationale, ne peut que s’opposer à cette déclaration. C’est ce qu’elle a exprimé lors du Conseil d’Institut de l’IUT. Il est à noter en effet que l’Essonne est un des rares départements en France à ne pas connaître de baisse de sa démographie et, qui plus est, de sa démographie scolaire. Les collèges et les lycées explosent tant ils sont saturés. On compte en cette rentrée des centaines de lycéens non affectés. On parle depuis plusieurs années de projet de transformation de lycées professionnels en lycées polyvalents (après le lycée Alexandre Denis de Cerny et le lycée Mendès-France de Ris-Orangis, le lycée Nadar de Draveil et le lycée Ampère de Morsang-sur-Orge pourraient être les prochains). Un nouveau lycée sera même bientôt construit sur les communes de Saint-Pierre-du Perray et Lieusaint. Le propos du président de l’Université ne peut donc être un argument. Les causes du manque d’attractivité de l’IUT d’Evry sont bien plus profondes. Selon la FSU 91 qui dispose des chiffres concernant l’état des postes d’enseignants dans le département, puisque la baisse d’effectifs concerne les filières industrielles, il faut davantage interroger la crise de recrutement qui touche la discipline SII (sciences industrielles de l’ingénieur) et le déficit d’image qui touche la filière STI2D (sciences et technologies de l’industrie et du développement durable) dans les lycées. Cette situation, catastrophique dans l’Essonne, qui découle des dernières réformes des lycées et du bac, explique en grande partie les difficultés que connaît l’IUT : si on manque d’enseignants dans les filières STI2D, les lycéens dans ces filières sont inéluctablement moins nombreux ou moins motivés, et il est fort à parier que ces mêmes lycéens moins nombreux, moins motivés, peinent à se projeter dans un BUT.

Pour toutes ces raisons, la FSU 91 émet de nombreuses réserves concernant l’élaboration d’un projet stratégique piloté par un cabinet onéreux. Elle défend plutôt une autre politique capable de garantir aux élèves et aux étudiants un véritable service public d’éducation. Pour cela, elle revendique une revalorisation salariale pour les enseignants qui permettra de résorber la crise de recrutement que connaît l’Education Nationale, en réduisant la concurrence sur le marché du travail. Augmentons le salaire des enseignants pour donner envie de faire ce métier et d’y rester ! Avec plus d’enseignants formés, on aura davantage d’élèves solides et performants, et donc davantage d’étudiants.